Archives de catégorie : Outils d’information

Safer space & Organisations démocratiques : « Lutter ensemble »

Dans son ouvrage « Lutter ensemble – Pour de nouvelles complicités politiques » (novembre 2018, éditions Cambourakis, collection Sorcières), Juliette Rousseau défend la nécessité de regarder en face ce qui nous sépare, les dominations qui traversent nos collectifs et nos mouvements, afin de pouvoir (mieux) s’en défaire et lutter ensemble. Aujourd’hui encore, il est difficile d’aborder ces questions, de questionner les façons dominantes de penser et de faire.
Il ne s’agit pas de mettre toute notre énergie sur la « déconstruction » individuelle, comme préalable à toute action politique, mais de prendre conscience que refuser celle-ci dessert nos luttes, notre émancipation et la transformation sociale. Les rapports oppressifs ne seront pas abolis au lendemain du grand-soir, quand le capitalisme aura été abattu : les combattre ici et aujourd’hui est un moyen d’une part de développer notre capacité collective à lutter ensemble, et est d’autre part une lutte directe contre ce qu’il nous faut abattre et dont les différentes composantes se tiennent les unes les autres.

Je reproduis ci-dessous deux extraits de l’ouvrage de Juliette Rousseau, deux outils qui peuvent servir de base pour s’interroger sur les pratiques que l’on souhaite avoir, sur les règles qu’on souhaite collectivement instituer dans son collectif :

  • Les « règles pour un espace plus safe » utilisées par le collectif Sisters Uncut (Royaume-Uni)
  • Les « principes de Jemez pour une organisation démocratique »

Ces deux textes sont issus d’un ouvrage de 500 pages : s’ils vous posent question, si vous sentez que vous avez besoin de plus de contexte, si vous avez envie d’aller plus loin dans ces réflexions, je vous invite à lire le bouquin !

Sur ce thème, voir aussi la page Transformation sociale & construction de « safer spaces » et de « brave spaces »

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Identifier les facteurs psychosociaux de risque au travail (RPS – Rapport Gollac)

Le « rapport sur le suivi statistique des risques psychosociaux » (RPS) a été publié en 2011. Il est surnommé « Rapport Gollac » d’après le nom du Président du collège d’experts internationaux ayant contribué à l’analyse. Ceux-ci représentaient différentes disciplines : ergonomie, médecine du travail, psychologie du travail, épidémiologie, économie… Le  rapport propose une véritable synthèse de la littérature scientifique internationale (26 pages) sur les liens avérés des effets de différentes contraintes organisationnelles, sociales et environnementales sur la santé.

Ce rapport synthétise en six axes, dans lesquels tout un chacun peut reconnaître ses conditions de travail, « les facteurs psychosociaux de risque au travail mis en évidence par la littérature scientifique […] relatifs à l’intensité du travail et au temps de travail, aux exigences émotionnelles, à une autonomie insuffisante, à la mauvaise qualité des rapports sociaux au travail, aux conflits de valeurs et à l’insécurité de la situation de travail ».

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Niveaux de participation : démocratie ou démagogie participative ?

Manipulation / Éducation / Information / Consultation / Implication / Partenariat / Délégation de pouvoir / Contrôle des citoyen-nes :

La sociologue américaine Sherry R. Arnstein a défini en 1971 (dans son ouvrage  A ladder of citizen participation) 8 niveaux qui vont de la non-participation au partage total du pouvoir.

Cette grille peut nous être utile pour identifier et clarifier, pour nous et pour les autres, à quel niveau nous nous situons : chaque niveau (sauf le premier) est légitime, mais il est courant de ne pas être clair-es et honnêtes sur le niveau dans lequel on se trouve, et de qualifier de « démocratie participative » ce qui n’en est pas, entrant alors de fait, volontairement ou non, dans de la démagogie…

+ en fin d’article : Adaptation de cette échelle à la participation des enfants dans les projets, par Roger Hart

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Syndicalisme de classe & action collective émancipatrice en Union locale

Le syndicalisme-révolutionnaire est le courant fondateur de la CGT, qui s’est créée en 1902 par la fusion entre la Fédération nationale des syndicats et la Fédération des Bourses du travail (dont le secrétaire général était l’anarchiste Fernand Pelloutier). Ce regroupement a entraîné la double structuration syndicale telle qu’elle existe encore aujourd’hui, croisant une structuration en unions locales et départementales, parallèle à une structuration par industries (ou par entreprise). La Charte d’Amiens quant à elle a été adoptée en 1906 par le 9e congrès de la CGT, sous l’influence de ces courants syndicalistes-révolutionnaires. Elle définit le principe
d’autonomie du syndicalisme ainsi que celui de la double-besogne.

Les Bourses du travail de Fernand Pelloutier étaient le cadre de pratiques militant-es d’éducation populaire ambitieuses et dynamiques. Aujourd’hui, les syndicalistes-révolutionnaires continuent de défendre et de mettre en œuvre ces pratiques, notamment dans le cadre des Unions locales et départementales, qui sont les héritières des Bourses du travail.

Les CSR, Comités Syndicalistes Révolutionnaires, regroupent des militant-es syndicalistes révolutionnaires. Leurs textes permettent de mieux comprendre ce qu’est le syndicalisme révolutionnaire. La brochure « Construire et animer une Union locale », réalisée en 2010 par des militant-es des CSR, est extrêmement intéressante à ce sujet, et permet de voir le lien direct et fondamental qui existe entre les pratiques et philosophies du syndicalisme-révolutionnaire et de l’éducation populaire. Cette brochure vise à défendre une conception de l’Union locale (UL) comme un cadre de pratiques collectives interprofessionnelles de lutte et d’éducation populaire. Ces pratiques ont également beaucoup en commun avec les principes qui sous-tendent les principes du community-organizing étatsunien. Le côté « éducation populaire » se retrouve surtout dans la fin de la brochure, mais l’ensemble de celle-ci invite à adopter des postures militantes qui sont celles de l’éducation populaire : lutter contre la séparation entre celleux qui pensent, celleux qui font, celleux qui décident, c’est-à-dire lutter contre notre tendance à reproduire la division sociale du travail et la délégation de pouvoir, socles des logiques capitalistes et bourgeoises, afin de construire ensemble, dès aujourd’hui dans nos pratiques et donc avant tout dans nos organisations, notre émancipation. Les CSR se présentent en fin de brochure (à retrouver à la fin du présent article).

Les extraits que je propose ci-dessous sont une sélection des contenus qui m’ont particulièrement intéressés (et il y en a beaucoup). Ces extraits sont nécessairement sortis de leur contexte : si certains points ci-dessous vous intéressent ou vous interrogent, je vous invite à vous référer au texte complet.
Les sous-titres et les mises en exergue (en italique et en gros) sont de mon fait, et proposent une grille de lecture qui se veut complémentaire à la titraille d’origine (en gras et en gros).

La brochure peut être demandée en écrivant à syndicalistes@gmail.com. A priori elle n’est plus disponible sur le site des CSR, mais peut-être le sera-t-elle bientôt à nouveau, et dans tous les cas il y a de nombreux textes très intéressants à y découvrir pour nourrir nos pratiques et réflexions.

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Sur les vidéos complotistes

Ci-dessous, différentes ressources pour nous aider à prendre conscience, à identifier et à déconstruire les thèses et notamment les vidéos complotistes. À faire tourner !

Car face aux théories du complot, il y a plusieurs choses qui sont importantes :

  • Contredire les contre-vérités avec des faits vérifiés. Mais cela ne suffit pas (du tout), puisque le principe même d’une théorie du complot consiste précisément à dire que les faits que vous allez présenter sont faux et manipulés : vous êtes manipulé-es, vous êtes la preuve même que le complot existe, et vous en êtes victime !
  • Déconstruire la mécanique de la pensée du complot : c’est à cela que peut servir les vidéos ci-dessous. Tâcher de montrer que le processus est manipulatoire, et que la vidéo utilise des procédés qui visent (et parviennent) à altérer notre jugement, à orienter notre réflexion, à mettre à mal notre esprit critique et notre capacité de discernement.
  • Sur un temps plus long : développer les espaces de débat, de réflexion, d’élaboration collective. Les espaces d’auto-éducation populaire, en fait… Car ces théories du complot surfent sur une revendication de reprendre la main sur des questions qu’il semble qu’on n’a pas le droit de poser : si on n’a pas le droit de parler de ça, c’est qu’il doit y avoir un complot. Dans une société démocratique, nous devrions être en capacité toutes et tous de réfléchir ensemble sur toutes les questions que nous nous posons. C’est en aillant ces réflexions, par notre réflexion et grâce à celle des autres, qu’on s’entraînera à exercer notre esprit critique et notre capacité de discernement. On n’interdit pas une idée, or certain-es le font. Dans une société de moins en moins démocratique, comme la nôtre, c’est une urgence de déployer les espaces de débat et de réflexion, qui sont les seuls et uniques antidotes aux théories du complot, et qui sont nécessaires à la démocratie, à la liberté, à l’égalité.

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Éducation au développement – Un modèle en cinq générations

Retrouvez ici le contenu du document « Éducation au développement – Un modèle en cinq générations », par Manuela Mesa (CIP), publié initialement sur le site de l’ITECO, centre de formation pour le développement et la solidarité internationale (en Belgique).

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Confusionnisme : que penser d’Étienne Chouard ? (par exemple)

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je suis prêt à me battre pour que vous puissiez le dire ». Voltaire

Certain-es poussent de hauts cris en invoquant « la liberté d’expression » quand d’autres affirment ne pas avoir de tolérance à l’égard de l’extrême-droite et de celles et ceux qui colportent leurs idées.

Mais être démocrate, ce n’est pas se taire et laisser-faire quand des personnes diffusent des idées ou agissent contre la démocratie, l’égalité, la liberté. Être démocrate, c’est au contraire lutter contre cela.

Quel rapport avec Étienne Chouard ?

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Assistanat : un mythe qui ronge la solidarité

Ah ! La France et son bon vieux mythe de l’assistanat. Comme s’il s’agissait d’une tare sociale transmise de générations en générations. Mais que trouve-t-on derrière cette stigmatisation des « assistés », de nouveau à la mode en période électorale ? Sans doute des questions bien plus profondes sur notre rapport à la pauvreté, à la solidarité et la valeur que l’on attribue au travail notre société dite « moderne » ou 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.

Une vidéo #DataGueule à voir et à diffuser

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