Archives de catégorie : Conseils de lecture

« Femmes politiques » : à propos d’une mobilisation pour l’émancipation et la transformation sociale

Le documentaire « Femmes politiques », réalisé par Daniel Bouy, nous donne à voir la mobilisation de femmes vivant à Stains pour organiser des États généraux de l’éducation et revendiquer une meilleure éducation pour leurs enfants et pour tous les enfants.

Profession Banlieue, centre ressource pour la Politique de la ville en Seine-Saint-Denis et coproducteurs du film, m’a demandé de participé à une projection de ce documentaire à Saint-Denis en octobre 2022, puis d’écrire un article pour accompagner la diffusion du film.

Je reproduis ci-dessous cet article que vous pouvez télécharger sur le site de Profession Banlieue, et vous encourage à voir le film « Femmes politiques » notamment via la plateforme Tenk ou sur Ciné Mutins. Et contactez le réalisateur pour organiser des projections-débats autour du film !

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Histoire et actualité de l’éducation populaire

Quand on cherche des livres sur l’éducation populaire, on trouve finalement peu de choses. Il y a maintenant celui-ci, dont je conseille très fortement la lecture :

L’éducation populaire, un phénix toujours renaissant

De la Révolution Française au mouvement Me Too

Un livre de Paul Masson, publié en novembre 2022 aux éditions du Petit Pavé

Paul est un militant invétéré d’éducation populaire. J’ai énormément appris à ses côtés, et sa façon de concevoir l’éducation populaire continue de me guider. Je suis donc tout sauf objective quand je vous recommande chaleureusement la lecture de son livre : je suis enthousiaste 🙂
Visitez son blog, et notamment la page dédiée au livre.
Par ailleurs, Paul avait déjà publié en 2014, toujours aux éditions du Petit Pavé, « Chemins et mémoires », dans lequel il décryptait l’ensemble de sa vie d’adulte, son parcours professionnel et son engagement dans l’éducation populaire. À travers son expérience personnelle, il y donnait un éclairage sur l’histoire sociale de l’après-guerre à nos jours, et sur la façon dont se construit la « culture » en chacun de nous. J’avais reproduit ici son annexe dans laquelle il détaillait l’histoire du mouvement ouvrier chrétien.
Et Paul a fait tout un travail sur le poète libertaire Gaston Couté, publiant l’ouvrage « Dans les pas de Gaston Couté » en 2018, toujours aux éditions du petit pavé.

Je vous en dis plus sur ce nouvel ouvrage ci-dessous.

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Cultures & Universel

L’ouvrage « Il n’y a pas d’identité culturelle » du philosophe, héléniste et sinologue François Jullien (Ed. L’herne, Coll. Cave canum, 2016, 93 pages) donne à penser la question de l’universel et de la rencontre entre les cultures.

Je reproduis ci-dessous des phrases, nécessairement insuffisantes pour comprendre la pensée de l’auteur, mais qui m’ont marquée à la lecture de cet ouvrage, dont je vous conseille la lecture.

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Histoire des libertés associatives

Je relaie ici l’info concernant la publication de l’ouvrage « L’histoire des libertés associatives de 1791 à nos jours« , de Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des associations citoyennes, aux éditions Charles Léopold Mayer (je ne l’ai pas encore lu, mais le recommande les yeux fermés).
Je relaie également ci-dessous la captation vidéo de la séance du 17 novembre 2022 de l’Université des savoirs associatifs, à l’occasion de la sortie de cet ouvrage.

« Moins de deux cent pages pour résumer plus de deux siècles d’actions associatives depuis la révolution de 1789 jusqu’à aujourd’hui, voici le pari du nouveau livre de J-Baptiste Jobard coordinateur au CAC.

Le but de ce long (mais synthétique !) détour historique ? Comprendre la situation actuelle et plus particulièrement les raisons pour lesquelles celle-ci est marquée par un processus de restriction des libertés associatives… Et, fort de ces éléments de compréhension, dégager des pistes permettant d’envisager un autre scénario que celui de l’affaiblissement inéluctable des associations citoyennes. »

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bell hooks – Apprendre à transgresser

Dans ce recueil de textes publié aux États-Unis en 1994, et en France en 2020 aux éditions Syllepse, bell hooks livre son engagement pour « l’éducation comme pratique de la liberté ». Se basant sur son expérience en tant qu’élève noire et en tant qu’universitaire, elle nous parle de sa pratique de façon concrète, fait référence à la pensée et la pratique de Paulo Freire qu’elle enrichit et complète en abordant la question du racisme mais aussi du sexisme (que refusait Paulo Freire), pour inviter les enseignant·es à oser prendre le risque d’une pédagogie de l’émancipation et à plonger dans le plaisir d’enseigner comme un acte de résistance.

Je vous propose ci-dessous quelques extraits de ces textes, extraits nécessairement sortis de leur contexte, dans le but de vous donner l’envie de lire ce livre passionnant.


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Recherche Pop-Part – La recherche action participative : une démarche d’éducation populaire ?

De 2017 à 2021, la recherche action participative « Les quartiers populaires au prisme de la jeunesse » (surnommé « Pop-Part ») a amené 120 jeunes (15-34 ans) habitants de 10 quartiers populaires d’Île-de-France, une quinzaine de professionnel·les de la jeunesse, et une quinzaine de chercheur·euses de différentes disciplines, à travailler ensemble pour mieux comprendre les réalités derrière l’expression stigmatisante de « jeunes de quartier ».

En découvrant les multiples productions de cette recherche (ouvrage, site Internet, capsules vidéos, documentaire, pièce de théâtre, podcasts), j’ai été réellement enthousiasmée de sentir comment les jeunes ayant pris part à cette recherche ont été au cœur de la démarche, comment iels n’en ont pas été les objets, mais bien les co-producteur·ices. Il me semble que ces jeunes en tirent réellement quelque chose pour leur vie et leur futur, et pas seulement pour la science. Et cela m’a beaucoup touchée.

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La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire – Grégoire Chamayou

L’ouvrage « La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire » de Grégoire Chamayou (éditions La Fabrique, 2018) est frappant car il nous démontre sans ambiguïtés les stratégies des capitalistes pour préserver et développer leurs intérêts.

La gauche est volontiers romantique. Son idéal de justice et de cohésion sociale la met face à une contradiction forte quand il s’agit de rentrer dans une logique de rapport de force (pour forcer autrui) et de stratégies offensives (visant à faire chuter l’ennemi). La gauche autoritaire quant à elle n’a pas ces scrupules pour rester à l’avant-garde (y compris vis-à-vis de ses camarades) tant que c’est pour la Cause, mais ce faisant elle dépouille celle-ci de son essence même… Quoiqu’il en soit, l’ouvrage de Grégoire Chamayou est de ceux qui invitent à prendre très au sérieux la question de la stratégie.

Lorsque j’ai effectué ma recherche aux États-Unis pour tenter de mieux comprendre la logique du community organizing (méthode de lutte étatsunienne que j’ai pratiquée pendant 2 ans, et que je présente et croise avec les logiques d’éducation populaire, qui sont ma tradition d’origine, dans l’ouvrage « Organisons-nous ! Manuel critique », Hors d’atteinte, 2019), j’ai été frappée de voir à quel point « Romantique » est la pire insulte qu’un·e organizer puisse vous adresser. C’est que, notamment aux États-Unis, le capitalisme et le libéralisme font preuve de stratégies à glacer le sang. En réponse, les organisations militantes étatsuniennes tâchent de faire de même (ce qui les mène parfois à des victoires précieuses, et parfois à de toutes petites victoires réformistes sous prétexte de « pragmatisme »).
Je me souviens de cet organizer qui, face à l’enthousiasme lié à l’énorme mobilisation de la Women’s March du 21 janvier 2017, me disait « OK, but, what’s next? », et pointait que cette marche ne changeait absolument rien à la situation concrète et au rapport de force : il s’agissait juste de se réchauffer et de se faire plaisir, s’il n’y avait pas de stratégie concrète derrière pour faire pression et obtenir des victoires.
Eh bien, ce que Grégoire Chamayou dévoile avec brio et clarté dans son ouvrage, ce sont les stratégies du camp capitaliste pour préserver ses intérêts et développer ses profits, face aux contestations et possibles contestations qui auraient pu le fragiliser depuis les années 1970.

Depuis mon retour des États-Unis, j’accompagne des associations, collectifs et syndicats qui le souhaitent dans leurs réflexions sur leurs stratégies. Ce n’est pas que je sois moi-même une stratège d’exception (comme beaucoup de gens, je serais plutôt à ce propos du genre « faites ce que je dis, pas ce que je fais »), mais c’est que cela me semble intéressant, au moins à titre d’exercice, de réfléchir aussi froidement que nos adversaires. Les grilles de lecture stratégiques que je propose à mes interlocuteurices les déstabilisent souvent. Pourtant celles-ci restent bien en-deça de ce que nous devrions faire si nous nous mettions sur la même longueur d’onde que nos ennemis. Sauf que je ne sais pas s’il faut vraiment que nous le fassions, car alors qu’est-ce qui nous différencierait d’elleux ? Mais si on ne le fait pas, va-t-on continuer longtemps à perdre… ?

À ce titre, la conclusion stratégique à laquelle arrive Grégoire Chamayou parle à mon cœur : ce qui fait le plus peur au capitalisme dans sa version néolibérale et autoritaire, ce n’est pas l’État-providence keynésien, mais l’autogestion. Et pour le combattre, c’est donc cette piste qu’il nous faut suivre à nouveau et construire pour de bon : celle de l’autogestion, pour dépasser à la fois le capitalisme et l’État centralisé, pour remplacer la compétition par la coopération et l’autonomie collective et fédérée.

Bref, je vous invite fortement à lire cet ouvrage.
Je relaie ci-dessous une vidéo « fiche de lecture » réalisée par le YouTubeur Arold, et je reproduis quelques courts extraits (nécessairement sortis de leur contexte) qui m’ont particulièrement marquée.

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Furtifs & émancipation – Alain Damasio

Dans « Les furtifs », Alain Damasio nous livre plein de petites pépites pour qui s’intéresse aux dynamiques collectives, d’émancipation et de transformation sociale, comme le fait l’éducation populaire et ce site.

Je vous encourage chaleureusement à lire ce très beau livre, ce texte poétique et stimulant.
Et je reproduis ci-dessous quelques extraits qui me semblent résonner particulièrement avec les thématiques qui doivent vous animer vous aussi, si vous êtes sur ce blog 🙂

NB : Si vous n’avez pas lu le livre, ne lisez pas la suite de cet article. Sans faire du spoil, il pourrait vous gâcher un peu de la découverte du livre…

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Les décisions absurdes (2) : comment les éviter ? – Christian Morel

Dans le premier tome de Les décisions absurdes, Christian Morel identifiait et analysait les mécanismes qui conduisent les individus et organisations à produire avec constance des erreurs « radicales et persistantes ». Dans ce deuxième tome (Folio essais, 2013), il propose des façons d’éviter ces erreurs.

Cet ouvrage, comme le précédent, est extrêmement intelligent et stimulant. Christian Morel y illustre ses propos de très nombreux exemples concrets issus des secteurs professionnels à haut risque (aviation, NASA, marine nucléaire, chirurgie médicale) mais aussi d’autres types d’activités collectives (alpinisme avec risque d’avalanche, création collective de textes). Il nous donne à voir, avec beaucoup de clarté, les effets pervers des dynamiques de groupe qu’il s’agit d’éviter. Et il nous propose ce qu’il appelle des « métarègles » pour développer une contre-culture de la fiabilité.

Si la lecture de cet ouvrage peut faire naître quelques angoisses à l’idée de prendre l’avion ou surtout de subir une opération chirurgicale, il est cependant plein d’optimisme en ce qu’il ne se contente pas de décrire : il propose de très nombreuses pistes concrètes pour améliorer la fiabilité des fonctionnements collectifs.

À noter que les principes sur lesquels s’appuie Christian Morel, à commencer par les biais cognitifs, sont utilisés par les économistes comportementaux pour promouvoir ce qu’on appelle les « nudges », des incitations « douces » qui exploitent ces biais pour influencer (manipuler ?) les comportements et choix des individus. S’il est aujourd’hui prouvé que ce principe simpliste est assez inefficace, il pose cependant un réel problème démocratique, puisqu’il retire aux citoyen-nes leur responsabilité, soi-disant pour leur bien, et sous prétexte d’un « paternalisme libertarien ». Pour en savoir plus, lire notamment ici.

L’approche de Christian Morel me semble très différente, car elle nous permet de nous emparer de ces éléments, pour améliorer collectivement dans nos fonctionnements collectifs, et précisément conjurer les manipulations (conscientes ou inconscientes) qui peuvent nous berner. Au-delà, il nous invite à déconstruire les normes qui régissent le plus souvent nos fonctionnements collectifs, quel que soit leur cadre. Et y compris dans nos associations, nos syndicats, nos organisations politiques.

Comme je l’avais fait pour le 1er tome, je tente ci-dessous de transmettre l’envie de lire ce 2ème tome : Christian Morel, Les décisions absurdes – Tome 2, Folio essais, 2013

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Culture et sociabilité

Les comités syndicalistes révolutionnaires ont réalisé une brochure sur le thème « Culture et sociabilité » (elle est accessible en ligne ici sur leur site).

Le contenu de cette brochure éclaire d’une lumière particulière et passionnante la question du rôle de la sociabilité et des pratiques culturelles populaires dans l’émancipation et de la transformation sociale, notamment quand on se situe dans une perspective matérialiste [c’est-à-dire qu’on considère, à la suite de Marx et Engels, que les événements historiques sont déterminés non pas par des idées mais par des rapports sociaux (et plus particulièrement par les liens entre classes sociales) et par l’impact de l’évolution des moyens de production sur les mentalités. La conception matérialiste de l’histoire se réfère par conséquent à des situations réellement vécues par les humains (d’où l’usage de l’adjectif « matérialiste »).]

Comment la sociabilité est un préalable à la solidarité et à la conscience de classe, et donc à la résistance et à la lutte ? Comment la culture bourgeoise et la société de consommation ont réussi à assimiler confort matériel et repli sur soi (son couple, son milieu militant…), et ainsi à déconstruire les liens et les solidarités ?

De quoi nous donner l’envie de renverser la tendance et de redévelopper les cadres et espaces d’une sociabilité et de pratiques culturelles collectives et émancipatrices !

Je reproduis ici quelques extraits de cette brochure, qui m’ont particulièrement intéressés, afin de vous donner envie de la lire en entier. Ces extraits, par définition, sont sortis de leur contexte : s’ils vous interrogent, allez donc lire la brochure 😉

Je me suis permise de féminiser ces extraits, parce que j’aime bien rendre explicite le fait que les femmes font partie de la question.

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