Archives de catégorie : Conseils de lecture

Antifascisme : ressources pour lutter contre l’extrême-droite

Cet article vise à recenser des ressources qui existent en matière de lutte contre l’extrême-droite et d’antifascisme.

  • À court terme, alors qu’Emmanuel Macron a dissout l’Assemblée Nationale, provoquant des élections législatives les 30 juin et 7 juillet qui peuvent mener à une vague FN/RN à l’Assemblée, voire une entrée du RN au gouvernement, l’urgence est de parler dans nos associations, nos lieux de travail, nos territoires, nos familles, afin de convaincre celleux qui pourraient être tenté·es par le vote FN/RN comme vote sanction.
    J’ai tenté de regrouper ci-dessous des arguments pour nourrir ces discussions : pourquoi le vote FN/RN est un remède pire que le mal.
  • À court terme aussi : faire la campagne du Nouveau Front Populaire
  • Au-delà des échéances électorales, la lutte contre l’extrême-droite, ses idées et leur banalisation est un combat de long-terme. J’ai tenté de regrouper des ressources pour nourrir la compréhension des idées et des mouvements d’extrême-droite, et pour s’organiser sur le long-terme.

Cet article évolue en permanence. N’hésitez pas à contribuer en commentaire : soit je publierai votre commentaire, soit j’intégrerai directement à l’article les éléments que vous m’indiquerez.
La sélection des ressources est de mon fait. La présentation de chaque ressource est un copier-coller de la façon dont celle-ci est présentée par celleux qui l’anime. Je fais le choix de ne pas tout publier car :

On ne fait pas reculer l’extrême-droite en restant derrière son ordinateur à lire des articles de convaincu·es ! Organisons-nous pour agir !

Le dessin qui illustre cet article (entre les logos de VISA et de l’action antifasciste) provient du site https://lahorde.info

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Autogestion, coopératives : travailler ensemble sans patron

En avril 2024 a été publié Travailler sans patron, un livre de Simon Cottin-Marx (sociologue, auteur notamment de C’est pour la bonne cause ! Les désillusions du travail associatif) et Baptiste Mylondo (économiste qui travaille sur la décroissance et le revenu universel)  extrêmement bien documenté et très facile à lire, d’autant que le livre est sorti directement en édition Poche.

Nourri d’une part de très nombreuses illustrations issues d’expériences concrètes, et d’autre part de riches contenus théoriques, ce livre donne de nombreuses clefs pour penser la complexité de l’ambition et des pratiques d’autogestion. Sans évidemment donner de recettes ou de solutions qui seraient applicables clef en main, il donne matière à penser et matière à agir. S’il parle beaucoup d' »économie sociale et solidaire » (ESS), c’est parce que c’est sous cette étiquette que beaucoup d’expérience d’autogestion se sont développées. Cependant, bien au-delà de ce secteur dont l’étiquette ne garantit nullement la vertu, ce livre développe une critique et présente des pistes qui intéresseront toustes celleux qui cherchent à fonctionner ensemble sans patron. Il peut être un excellent outil pour penser ensemble, et pour se poser les questions très pratiques qui se posent toujours quand on poursuit une telle ambition.

La transformation de la société nécessite l’abolition du capitalisme qui n’a pour boussole que l’augmentation des profits et qui pour cela exploite les travailleureuses et les ressources naturelles. Notre lutte pour l’émancipation et la transformation sociale passe nécessairement par le développement de nos capacité à faire ensemble.

Bonne lecture, et vive l’autogestion !

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Critique populaire de l’exploitation – Ce que devient le travail

Je conseille la lecture de cet ouvrage de Nicolas Latteur, que j’ai dévoré. J’ai été impressionnée et passionnée par le fait que sa lecture est très facile et agréable, notamment du fait de sa construction autour de très nombreux témoignages extrêmement parlants, et qu’il permet de balayer énormément de questions qui concernent aujourd’hui le travail. Cet ouvrage me semble avoir l’utilité d’un manuel en sociologie du travail, en étant largement accessible : un ouvrage issu de réflexions collectives, travail d’éducation populaire, dans lequel les personnes directement concernées tâchent d’analyser les situations dans lesquelles elles se trouvent afin d’en comprendre les ressorts et de décider comment agir pour les transformer. Sans surprise, le constat est terrible, mais lire tous ces témoignages produit un effet énergisant : leur clairvoyance donne l’espoir que cela peut changer.

N’étant moi-même pas experte dans cet exercice, je relaie ci-dessous la note de lecture qu’a faite Thomas Coutrot de cet ouvrage.

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« Femmes politiques » : à propos d’une mobilisation pour l’émancipation et la transformation sociale

Le documentaire « Femmes politiques », réalisé par Daniel Bouy, nous donne à voir la mobilisation de femmes vivant à Stains pour organiser des États généraux de l’éducation et revendiquer une meilleure éducation pour leurs enfants et pour tous les enfants.

Profession Banlieue, centre ressource pour la Politique de la ville en Seine-Saint-Denis et coproducteurs du film, m’a demandé de participé à une projection de ce documentaire à Saint-Denis en octobre 2022, puis d’écrire un article pour accompagner la diffusion du film.

Je reproduis ci-dessous cet article que vous pouvez télécharger sur le site de Profession Banlieue, et vous encourage à voir le film « Femmes politiques » notamment via la plateforme Tenk ou sur Ciné Mutins. Et contactez le réalisateur pour organiser des projections-débats autour du film !

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Histoire et actualité de l’éducation populaire

Quand on cherche des livres sur l’éducation populaire, on trouve finalement peu de choses. Il y a maintenant celui-ci, dont je conseille très fortement la lecture :

L’éducation populaire, un phénix toujours renaissant

De la Révolution Française au mouvement Me Too

Un livre de Paul Masson, publié en novembre 2022 aux éditions du Petit Pavé

Paul est un militant invétéré d’éducation populaire. J’ai énormément appris à ses côtés, et sa façon de concevoir l’éducation populaire continue de me guider. Je suis donc tout sauf objective quand je vous recommande chaleureusement la lecture de son livre : je suis enthousiaste 🙂
Visitez son blog, et notamment la page dédiée au livre.
Par ailleurs, Paul avait déjà publié en 2014, toujours aux éditions du Petit Pavé, « Chemins et mémoires », dans lequel il décryptait l’ensemble de sa vie d’adulte, son parcours professionnel et son engagement dans l’éducation populaire. À travers son expérience personnelle, il y donnait un éclairage sur l’histoire sociale de l’après-guerre à nos jours, et sur la façon dont se construit la « culture » en chacun de nous. J’avais reproduit ici son annexe dans laquelle il détaillait l’histoire du mouvement ouvrier chrétien.
Et Paul a fait tout un travail sur le poète libertaire Gaston Couté, publiant l’ouvrage « Dans les pas de Gaston Couté » en 2018, toujours aux éditions du petit pavé.

Je vous en dis plus sur ce nouvel ouvrage ci-dessous.

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Cultures & Universel

L’ouvrage « Il n’y a pas d’identité culturelle » du philosophe, héléniste et sinologue François Jullien (Ed. L’herne, Coll. Cave canum, 2016, 93 pages) donne à penser la question de l’universel et de la rencontre entre les cultures.

Je reproduis ci-dessous des phrases, nécessairement insuffisantes pour comprendre la pensée de l’auteur, mais qui m’ont marquée à la lecture de cet ouvrage, dont je vous conseille la lecture.

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Histoire des libertés associatives

Je relaie ici l’info concernant la publication de l’ouvrage « L’histoire des libertés associatives de 1791 à nos jours« , de Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des associations citoyennes, aux éditions Charles Léopold Mayer (je ne l’ai pas encore lu, mais le recommande les yeux fermés).
Je relaie également ci-dessous la captation vidéo de la séance du 17 novembre 2022 de l’Université des savoirs associatifs, à l’occasion de la sortie de cet ouvrage.

« Moins de deux cent pages pour résumer plus de deux siècles d’actions associatives depuis la révolution de 1789 jusqu’à aujourd’hui, voici le pari du nouveau livre de J-Baptiste Jobard coordinateur au CAC.

Le but de ce long (mais synthétique !) détour historique ? Comprendre la situation actuelle et plus particulièrement les raisons pour lesquelles celle-ci est marquée par un processus de restriction des libertés associatives… Et, fort de ces éléments de compréhension, dégager des pistes permettant d’envisager un autre scénario que celui de l’affaiblissement inéluctable des associations citoyennes. »

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bell hooks – Apprendre à transgresser

Dans ce recueil de textes publié aux États-Unis en 1994, et en France en 2020 aux éditions Syllepse, bell hooks livre son engagement pour « l’éducation comme pratique de la liberté ». Se basant sur son expérience en tant qu’élève noire et en tant qu’universitaire, elle nous parle de sa pratique de façon concrète, fait référence à la pensée et la pratique de Paulo Freire qu’elle enrichit et complète en abordant la question du racisme mais aussi du sexisme (que refusait Paulo Freire), pour inviter les enseignant·es à oser prendre le risque d’une pédagogie de l’émancipation et à plonger dans le plaisir d’enseigner comme un acte de résistance.

Je vous propose ci-dessous quelques extraits de ces textes, extraits nécessairement sortis de leur contexte, dans le but de vous donner l’envie de lire ce livre passionnant.


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Recherche Pop-Part – La recherche action participative : une démarche d’éducation populaire ?

De 2017 à 2021, la recherche action participative « Les quartiers populaires au prisme de la jeunesse » (surnommé « Pop-Part ») a amené 120 jeunes (15-34 ans) habitants de 10 quartiers populaires d’Île-de-France, une quinzaine de professionnel·les de la jeunesse, et une quinzaine de chercheur·euses de différentes disciplines, à travailler ensemble pour mieux comprendre les réalités derrière l’expression stigmatisante de « jeunes de quartier ».

En découvrant les multiples productions de cette recherche (ouvrage, site Internet, capsules vidéos, documentaire, pièce de théâtre, podcasts), j’ai été réellement enthousiasmée de sentir comment les jeunes ayant pris part à cette recherche ont été au cœur de la démarche, comment iels n’en ont pas été les objets, mais bien les co-producteur·ices. Il me semble que ces jeunes en tirent réellement quelque chose pour leur vie et leur futur, et pas seulement pour la science. Et cela m’a beaucoup touchée.

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La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire – Grégoire Chamayou

L’ouvrage « La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire » de Grégoire Chamayou (éditions La Fabrique, 2018) est frappant car il nous démontre sans ambiguïtés les stratégies des capitalistes pour préserver et développer leurs intérêts.

La gauche est volontiers romantique. Son idéal de justice et de cohésion sociale la met face à une contradiction forte quand il s’agit de rentrer dans une logique de rapport de force (pour forcer autrui) et de stratégies offensives (visant à faire chuter l’ennemi). La gauche autoritaire quant à elle n’a pas ces scrupules pour rester à l’avant-garde (y compris vis-à-vis de ses camarades) tant que c’est pour la Cause, mais ce faisant elle dépouille celle-ci de son essence même… Quoiqu’il en soit, l’ouvrage de Grégoire Chamayou est de ceux qui invitent à prendre très au sérieux la question de la stratégie.

Lorsque j’ai effectué ma recherche aux États-Unis pour tenter de mieux comprendre la logique du community organizing (méthode de lutte étatsunienne que j’ai pratiquée pendant 2 ans, et que je présente et croise avec les logiques d’éducation populaire, qui sont ma tradition d’origine, dans l’ouvrage « Organisons-nous ! Manuel critique », Hors d’atteinte, 2019), j’ai été frappée de voir à quel point « Romantique » est la pire insulte qu’un·e organizer puisse vous adresser. C’est que, notamment aux États-Unis, le capitalisme et le libéralisme font preuve de stratégies à glacer le sang. En réponse, les organisations militantes étatsuniennes tâchent de faire de même (ce qui les mène parfois à des victoires précieuses, et parfois à de toutes petites victoires réformistes sous prétexte de « pragmatisme »).
Je me souviens de cet organizer qui, face à l’enthousiasme lié à l’énorme mobilisation de la Women’s March du 21 janvier 2017, me disait « OK, but, what’s next? », et pointait que cette marche ne changeait absolument rien à la situation concrète et au rapport de force : il s’agissait juste de se réchauffer et de se faire plaisir, s’il n’y avait pas de stratégie concrète derrière pour faire pression et obtenir des victoires.
Eh bien, ce que Grégoire Chamayou dévoile avec brio et clarté dans son ouvrage, ce sont les stratégies du camp capitaliste pour préserver ses intérêts et développer ses profits, face aux contestations et possibles contestations qui auraient pu le fragiliser depuis les années 1970.

Depuis mon retour des États-Unis, j’accompagne des associations, collectifs et syndicats qui le souhaitent dans leurs réflexions sur leurs stratégies. Ce n’est pas que je sois moi-même une stratège d’exception (comme beaucoup de gens, je serais plutôt à ce propos du genre « faites ce que je dis, pas ce que je fais »), mais c’est que cela me semble intéressant, au moins à titre d’exercice, de réfléchir aussi froidement que nos adversaires. Les grilles de lecture stratégiques que je propose à mes interlocuteurices les déstabilisent souvent. Pourtant celles-ci restent bien en-deça de ce que nous devrions faire si nous nous mettions sur la même longueur d’onde que nos ennemis. Sauf que je ne sais pas s’il faut vraiment que nous le fassions, car alors qu’est-ce qui nous différencierait d’elleux ? Mais si on ne le fait pas, va-t-on continuer longtemps à perdre… ?

À ce titre, la conclusion stratégique à laquelle arrive Grégoire Chamayou parle à mon cœur : ce qui fait le plus peur au capitalisme dans sa version néolibérale et autoritaire, ce n’est pas l’État-providence keynésien, mais l’autogestion. Et pour le combattre, c’est donc cette piste qu’il nous faut suivre à nouveau et construire pour de bon : celle de l’autogestion, pour dépasser à la fois le capitalisme et l’État centralisé, pour remplacer la compétition par la coopération et l’autonomie collective et fédérée.

Bref, je vous invite fortement à lire cet ouvrage.
Je relaie ci-dessous une vidéo « fiche de lecture » réalisée par le YouTubeur Arold, et je reproduis quelques courts extraits (nécessairement sortis de leur contexte) qui m’ont particulièrement marquée.

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