Archives par mot-clé : Racisme

Cultures & Universel

L’ouvrage « Il n’y a pas d’identité culturelle » du philosophe, héléniste et sinologue François Jullien (Ed. L’herne, Coll. Cave canum, 2016, 93 pages) donne à penser la question de l’universel et de la rencontre entre les cultures.

Je reproduis ci-dessous des phrases, nécessairement insuffisantes pour comprendre la pensée de l’auteur, mais qui m’ont marquée à la lecture de cet ouvrage, dont je vous conseille la lecture.

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bell hooks – Apprendre à transgresser

Dans ce recueil de textes publié aux États-Unis en 1994, et en France en 2020 aux éditions Syllepse, bell hooks livre son engagement pour « l’éducation comme pratique de la liberté ». Se basant sur son expérience en tant qu’élève noire et en tant qu’universitaire, elle nous parle de sa pratique de façon concrète, fait référence à la pensée et la pratique de Paulo Freire qu’elle enrichit et complète en abordant la question du racisme mais aussi du sexisme (que refusait Paulo Freire), pour inviter les enseignant·es à oser prendre le risque d’une pédagogie de l’émancipation et à plonger dans le plaisir d’enseigner comme un acte de résistance.

Je vous propose ci-dessous quelques extraits de ces textes, extraits nécessairement sortis de leur contexte, dans le but de vous donner l’envie de lire ce livre passionnant.


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Safer space & Organisations démocratiques : « Lutter ensemble »

Dans son ouvrage « Lutter ensemble – Pour de nouvelles complicités politiques » (novembre 2018, éditions Cambourakis, collection Sorcières), Juliette Rousseau défend la nécessité de regarder en face ce qui nous sépare, les dominations qui traversent nos collectifs et nos mouvements, afin de pouvoir (mieux) s’en défaire et lutter ensemble. Aujourd’hui encore, il est difficile d’aborder ces questions, de questionner les façons dominantes de penser et de faire.
Il ne s’agit pas de mettre toute notre énergie sur la « déconstruction » individuelle, comme préalable à toute action politique, mais de prendre conscience que refuser celle-ci dessert nos luttes, notre émancipation et la transformation sociale. Les rapports oppressifs ne seront pas abolis au lendemain du grand-soir, quand le capitalisme aura été abattu : les combattre ici et aujourd’hui est un moyen d’une part de développer notre capacité collective à lutter ensemble, et est d’autre part une lutte directe contre ce qu’il nous faut abattre et dont les différentes composantes se tiennent les unes les autres.

Je reproduis ci-dessous deux extraits de l’ouvrage de Juliette Rousseau, deux outils qui peuvent servir de base pour s’interroger sur les pratiques que l’on souhaite avoir, sur les règles qu’on souhaite collectivement instituer dans son collectif :

  • Les « règles pour un espace plus safe » utilisées par le collectif Sisters Uncut (Royaume-Uni)
  • Les « principes de Jemez pour une organisation démocratique »

Ces deux textes sont issus d’un ouvrage de 500 pages : s’ils vous posent question, si vous sentez que vous avez besoin de plus de contexte, si vous avez envie d’aller plus loin dans ces réflexions, je vous invite à lire le bouquin !

Sur ce thème, voir aussi la page Transformation sociale & construction de « safer spaces » et de « brave spaces »

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Empowerment et féminisme noir – Joice Berth

Je conseille la lecture de cet excellent ouvrage de Joice Berth, traduit du brésilien et publié en 2019 par les éditions Anacona. Je vous en donne ici quelques extraits afin de vous mettre l’eau à la bouche…

Ci-dessous la version longue d’un article publié en novembre 2020.

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L’éthique de l’allié·e

L’éthique de l’allié·e

Un article d’Irène Pereira, publié le 30 août 2019 sur le site du Courrier

Qu’est-ce qu’un-e allié·e ? Cette notion est utilisée dans certains milieux militants pour désigner une personne qui ne subit pas directement une oppression, mais qui désire soutenir dans leurs luttes les personnes directement concernées. Il existe toute une réflexion militante autour de la posture de l’allié·e.

Être un ou une allié·e n’est pas une position sociale. On n’est pas allié·e comme on est une femme ou un homme, une personne de milieu populaire ou de classe moyenne supérieure. Être allié·e, c’est un choix éthico-politique. C’est faire le choix, alors que l’on bénéficie de certains privilèges sociaux, de les considérer comme injustes et d’aider à lutter contre les inégalités sociales et/ou les discriminations qui y sont liées.

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La fragilité blanche

La fragilité blanche : pourquoi est-ce si dur de parler aux Blancs de racisme ?

Traduction d’un article de Robin DiAngelo écrit en juin 2015, et publiée sur le site état d’exception.

Robin DiAngelo est une sociologue étatsunienne. Elle a notamment publié «White Fragility: Why It’s So Hard for White People to Talk About Racism» (Pourquoi c’est si dur pour les personnes blanches de parler de racisme).

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L’écoféminisme – Une intersectionnalité globale et radicale

L’écoféminisme est une remise en cause fondamentale de la manière dont fonctionne notre société (au sens de la société dominante : patriarcale, blanche et capitaliste). Il propose, comme outil de lutte et comme objectif (les moyens de nos luttes sont la préfiguration de nos effets recherchés), de revaloriser notre rapport à la nature.
L’écoféminisme vise l’abolition de la toute-puissance de l’espèce humaine sur ce qui l’entoure, ainsi que de toutes les formes de domination et d’exploitation (intersection classe-race-genre).

L’écoféminisme est né dans les années 1980, dans le cadre des luttes antinucléaires. Les textes écoféministes (lire l’anthologie « Reclaim » aux éditions Cambourakis) ne proposent pas de définition abstraite ou savante du mouvement, certains n’emploient pas le terme. C’est de manière empirique et non a priori que sont connectés dans ces textes les enjeux féministes et écologiques – à travers la redécouverte de l’histoire de la destruction croisée, au cours de la modernité, des femmes et de la nature.

L’écoféminisme n’est certainement pas monolithique, mais je me propose ici de partager ce qu’elle signifie pour moi.

L’écoféminisme me semble être une pensée extrêmement radicale, du fait qu’elle fait le lien entre les multiples et complexes causes et conséquences imbriquées de l’état des chose actuel qu’il s’agit de mettre à bas :
Opposition nature et culture, corps et intellect / Questions sociales et écologiques / Sacré et toute-puissance / Savoirs, cultures, ethnocentrisme / Racisme, colonialisme, impérialisme / Exploitation, maîtrise et capitalisme / Autonomie et émancipation / Religions instituées et sciences / Intersectionnalité et dominations.

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La croisade de Lee Gordon – Chester Himes

Roman de Chester Himes publié en 1947.

Richard Wright auteur de la préface : « *J’affirme très nettement que ces pages sont les premières à donner une peinture d’une indubitable authenticité quant aux rapports entre les noirs, les communistes et les syndicats. […] C’est une cruelle mise à nu du Noir, du parti communiste, du syndicalisme et des sentiments négrophobes du prolétariat américain.»

En voici quelques extraits

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Black America – Caroline Rolland-Diamond

Black America
Une histoire des luttes pour l’égalité et la justice (XIXe-XXIe siècle)
Par Caroline Rolland-Diamond

4ème de couverture :
Martin Luther King, Malcolm X, Rosa Parks. Dans la mémoire collective, ces trois noms résument trop souvent à eux seuls le long combat des Noirs américains pour l’égalité, la justice et la dignité. Au-delà du récit convenu centré sur ces grandes figures héroïques, Black America retrace la lutte des Afro-Américains, depuis l’émancipation des esclaves en 1865 jusqu’à nos jours, en redonnant toute leur place aux acteurs – et aux actrices – anonymes mais essentiels de cette histoire inachevée.
Proposant une analyse globale des mouvements de revendications noirs, l’auteure décrit avec talent la longue sortie de la ségrégation dans l’ancien Sud esclavagiste et les luttes radicales engagées par les Noirs pour y mettre un terme. Mais elle raconte aussi une histoire moins connue : celle de l’« apartheid américain » dans le Nord et l’Ouest et des mobilisations quotidiennes des Afro-Américains pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
Alors que l’élection de Barack Obama en 2008 à la Maison-Blanche semblait annoncer l’avènement d’une Amérique post-raciale, le mouvement Black Lives Matter, né en réaction aux violences policières dont les Noirs sont victimes, rappelle que le problème des discriminations et des inégalités raciales reste entier.
Grâce à des recherches originales dans les archives, à une analyse minutieuse de la presse afro-américaine et à un suivi précis des recherches les plus récentes sur ces sujets, l’auteure offre avec Black America une grande fresque appelée à devenir une référence incontournable sur cette question essentielle de l’histoire des États-Unis.

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La mécanique raciste – Pierre Tévanian

Je reproduis ici 5 extraits que Pierre Tevanian nous transmet, issus de son livre « La mécanique raciste », paru aux éditions La Découverte. Il a publié ces extraits sur l’excellent site Les mots sont importants.

  • 1- En finir avec l’antiracisme d’État
  • 2- Peur de l’inconnu, peur de l’autre, peur de la différence
  • 3- De l’existence des races
  • 4- Limites et mérites de la tolérance
  • 5- Logique de la haine

A l’heure où une grotesque et offensante campagne de SOS Racisme appelle à s’unir « contre la haine » – et pas contre le mépris et la discrimination – au motif spécieux que « Mon pote et moi on est pareils » , tandis que l’appareil d’État poursuit une politique intensive de rafles de roms et de sans-papiers, d’arrestations et d’expulsions de lycéens, de chasses aux voilées, à l’heure où des injures négrophobes et islamophobes sont proférées par une ministre socialiste, à l’heure où la promesse des récépissés contre le contrôle au faciès a été jetée à la poubelle, tandis que le ministère de l’Intérieur conteste l’existence même des contrôles au faciès, et fait appel contre une condamnation judiciaire de contrôles discriminatoires avérés, un retour critique nous a paru nécessaire sur ce que nous appelons l’antiracisme d’État. Nous republions donc une série de réflexions extraites de La mécanique raciste, sur ledit antiracisme d’État et ses principaux fondements.

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