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Empowerment, pouvoir d’agir et participation
J’ai rédigé ce texte suite à mon intervention aux Rencontres nationales du CNDH Romeurope à Bordeaux les 9 et 10 juin 2018.
Peut-on, comment peut-on, combiner autonomie et solidarité, aide et dynamiques d’émancipation ?
Dans ce texte, il est question de la posture des personnes qui souhaitent « aider » et/ou en « accompagner » d’autres. Que ce soit dans le travail social, l’animation ou le militantisme, c’est une chose sensible que de trouver la bonne posture quand on souhaite favoriser l’empowerment, le pouvoir d’agir, la participation d’autres personnes. Probablement d’ailleurs qu’il n’y a pas de « bonne » posture trouvée une fois pour toute, mais une attention et une réflexivité permanente à garder.
Ce texte s’adressait en particulier aux militant·es, bénévoles, salarié·es des associations de soutien et de défense des droits des personnes originaires d’Europe de l’Est, Roms ou présumées Roms, vivant en bidonville, squat ou autres lieux de survie en France. Mais son contenu peut probablement apporter des pistes de réflexion à d’autres quant à leur posture.
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Nous ne revendiquons rien
Je reproduis ici un texte de Johann Kaspar, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par les éditions Senonevero.
La brochure est disponible en téléchargement ici.
Dans ce texte, Johann Kaspar nous propose une vision de ce que signifient les revendications : elles justifient la lutte en même temps qu’elles en préfigurent la fin, puisque la lutte est censée cesser quand les revendications sont satisfaites. À l’inverse, les luttes sans revendications, souvent insurrectionnelles et enragées, et qualifiées avec mépris d' »émeutes », s’élèvent contre le « tort en soi » qui est subi, et qu’une simple réforme ne saurait suffire à réparer. Les luttes sans revendications refusent de respecter les « règles du jeu », de prendre les formes « convenues » du conflit social, celles qui présupposent qu’il est néfaste de détruire des biens matériels, et qu’il faut faire des demandes précises pour pouvoir avancer. Si elles semblent , dans leur forme, en contradiction avec leur objectif (puisqu’elles ne présentent pas de revendication qui pourrait être satisfaite, elles sont qualifiées de « suicidaires »), peut-être qu’au contraire plus cohérentes que les luttes réformistes, puisqu’elles assument que la réelle opposition ne saurait se résoudre grâce à un simple pansement. Cependant, on ne peut éluder la question de leur efficacité, puisqu’elles restent généralement soit le fait de groupes ultra-minoritaires, soit des moments insurrectionnels très limités dans le temps et ne construisant pas d’organisation durable pour la lutte.
C’est donc sans aucun doute dans un aller-retour perpétuel et une complémentarité que luttes avec et sans revendications doivent lutter ensemble, et faire vivre les tensions qui les opposent, pour aller vers une nécessaire transformation sociale radicale de la société.
Au sujet de la pureté militante
Écrit en 1993 par Françoise Blanchon, cet excellent texte aborde la question de la pureté militante, ici sous l’angle de l’antispécisme, pureté qui est trop souvent vécue comme gage de « radicalité ».
« Un des éléments essentiels du mouvement de libération animale est qu’il ne s’agit pas d’une simple question de « morale personnelle », privée, mais d’une exigence politique, ne se rapportant pas seulement à soi-même, semblable à l’exigence qui anime les autres mouvements libérateurs du passé et du présent. »
Ce texte a été initialement publié dans les Cahiers Antispécistes n°7, en juin 1993.
Les co-formations d’ATD Quart-Monde
En mai 2015, des institutions et des associations devaient mettre en place des conseils citoyens. Elles ne savaient pas comment faire (et on comprend leur embarras…). Elles ont décidé de faire appel à ATD Quart-Monde pour une co-formation.
Un film a été réalisé au cours de cette co-formation : il permet de découvrir cette démarche. Celle-ci suppose une séparation stricte entre institutionnels d’une part, associatifs d’autres part, et personnes en situation de grande pauvreté enfin. Les deux premiers groupes, au cours de cette co-formation, ont pris conscience de la violence qu’ils portent structurellement, qu’ils le veuillent ou non, et de à quel point certaines choses qu’ils pensent évidentes ne le sont pas du tout.
D’où vient la souffrance au travail des salarié-es du XXIè siècle ?
Attac publie un article de la sociologue Danièle Linhart
D’où vient la souffrance au travail des salariés du XXIè siècle ?
Ruptures et continuités entre management moderne et logique taylorienne
La modernisation managériale se prétend en rupture radicale avec la logique taylorienne. Elle prétend faire place à l’autonomie, la liberté d’initiative, la responsabilité, des salariés et promouvoir des modes de mises au travail en phase avec l’évolution de la société. Celle-ci est de plus en plus individualisée et les politiques à l’œuvre dans les entreprises affichent l’importance accordée désormais aux qualités personnelles de chaque salarié : son adaptabilité, sa créativité, son goût du risque…
Mais à y regarder de plus près, certains fondements du taylorisme restent omniprésents, bien que masqués derrière les formes hyper modernes de personnalisation, psychologisation de la mise au travail. Malgré « l’humanisation » revendiquée, la subordination impose toujours sa loi selon les bonnes vieilles recettes tayloriennes. Pour parvenir à gérer ces contradictions, les directions s’emploient à renouveler en permanence les moyens d’arracher le consentement de leurs salariés.
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L’écoféminisme – Une intersectionnalité globale et radicale
L’écoféminisme est une remise en cause fondamentale de la manière dont fonctionne notre société (au sens de la société dominante : patriarcale, blanche et capitaliste). Il propose, comme outil de lutte et comme objectif (les moyens de nos luttes sont la préfiguration de nos effets recherchés), de revaloriser notre rapport à la nature.
L’écoféminisme vise l’abolition de la toute-puissance de l’espèce humaine sur ce qui l’entoure, ainsi que de toutes les formes de domination et d’exploitation (intersection classe-race-genre).
L’écoféminisme est né dans les années 1980, dans le cadre des luttes antinucléaires. Les textes écoféministes (lire l’anthologie « Reclaim » aux éditions Cambourakis) ne proposent pas de définition abstraite ou savante du mouvement, certains n’emploient pas le terme. C’est de manière empirique et non a priori que sont connectés dans ces textes les enjeux féministes et écologiques – à travers la redécouverte de l’histoire de la destruction croisée, au cours de la modernité, des femmes et de la nature.
L’écoféminisme n’est certainement pas monolithique, mais je me propose ici de partager ce qu’elle signifie pour moi.
L’écoféminisme me semble être une pensée extrêmement radicale, du fait qu’elle fait le lien entre les multiples et complexes causes et conséquences imbriquées de l’état des chose actuel qu’il s’agit de mettre à bas :
Opposition nature et culture, corps et intellect / Questions sociales et écologiques / Sacré et toute-puissance / Savoirs, cultures, ethnocentrisme / Racisme, colonialisme, impérialisme / Exploitation, maîtrise et capitalisme / Autonomie et émancipation / Religions instituées et sciences / Intersectionnalité et dominations.
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La fin des contrats aidés : un plan social d’ampleur !
Fin des contrats aidés, ordonnances sur le travail, baisse des subventions culture et politique de la ville : un plan social d’ampleur !
Fin juillet, Murielle Pénicaud, la ministre du travail donnait son avis devant l’assemblée sur l’inefficacité des emplois aidés. Quelques jours après ces annonces, les pôles emploi n’ont plus reçu aucun financement pour l’ouverture de nouveau contrats aidés ou le renouvellement des salarié-e-s déjà en poste.
Alors que 60 % des recrutements en contrat aidé dans le secteur non-marchand ne peuvent avoir lieu sans l’aide de l’État, la ministre du travail est en train d’annoncer un plan social de grande ampleur pour les travailleur-euse-s du secteur associatif. S’agit-il de faire de la place pour « la montée en charge » du service civique promis par Jean-Michel Blanquer ? Ou bien de remplacer ces contrats par les nouveaux « CDI de projet » ?
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Radicaux, réveillez-vous ! Saul Alinsky
Les éditions du Passager clandestin viennent de publier, pour la première fois en France, une traduction du premier livre de Saul Alinsky, le théoricien du community organizing : « Radicaux, réveillez-vous ! », publié initialement en 1946.
Je n’avais encore jamais lu ce livre. J’ai lu en revanche de nombreux autres écrits d’Alinsky, et cela fait bientôt 2 ans que je suis moi-même organisatrice en community organizing. On trouve ici trace de tout cela. Si le community organizing est source d’inspiration pour les luttes collectives et pour l’éducation populaire, et si les autres écrits de Saul Alinsky sont très intéressants, ce livre m’a beaucoup surprise… et déçue. Voici pourquoi.
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Wooblies & Hobos
Magnifique livre aux éditions L’insomniaque :
» Wooblies & Hobos
Industrial Workers of the World : agitateurs itinérants aux États-Unis (1905-1919) «
Un livre de Joyce Kornbluh
Je vous en propose quelques extraits ci-dessous, mais je vous invite surtout à vous le procurer. En prime : un CD de chants wooblies !