Archives de catégorie : Texte relayé

Réhabiliter l’éducation populaire politique

Ce texte m’a été signalé par son auteur, Saïd Oner, qui vient de créer le blog https://regardscritiks.blogspot.com . Je reproduis ce texte ici, et vous invite à visiter ce blog et à lire ses articles.


Réhabiliter l’éducation populaire politique

Le champ du travail social, de l’animation et de l’éducation en général s’inscrit dans des orientations diverses et variées, dont l’une peut être celle de l’éducation populaire.

Cette dernière mérite un éclairage afin de mieux comprendre son ancrage historique, ses aspirations et les différentes réappropriations dont elle a pu faire l’objet.

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La BASE et la Maison du Peuple à Nantes

La BASE et la Maison du Peuple à Nantes : une démarche de revitalisation démocratique, d’action culturelle et politique à visée de transformation sociale

Un texte de Manon Souquet écrit en avril 2022 : après avoir présenté le projet de ces lieux (Partie 1), elle décrit en quoi ils relèvent d’une démarche d’éducation populaire (Partie 2) et quelles sont malgré tout les limites à la construction d’une telle démarche (Partie 3).


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La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire – Grégoire Chamayou

L’ouvrage « La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire » de Grégoire Chamayou (éditions La Fabrique, 2018) est frappant car il nous démontre sans ambiguïtés les stratégies des capitalistes pour préserver et développer leurs intérêts.

La gauche est volontiers romantique. Son idéal de justice et de cohésion sociale la met face à une contradiction forte quand il s’agit de rentrer dans une logique de rapport de force (pour forcer autrui) et de stratégies offensives (visant à faire chuter l’ennemi). La gauche autoritaire quant à elle n’a pas ces scrupules pour rester à l’avant-garde (y compris vis-à-vis de ses camarades) tant que c’est pour la Cause, mais ce faisant elle dépouille celle-ci de son essence même… Quoiqu’il en soit, l’ouvrage de Grégoire Chamayou est de ceux qui invitent à prendre très au sérieux la question de la stratégie.

Lorsque j’ai effectué ma recherche aux États-Unis pour tenter de mieux comprendre la logique du community organizing (méthode de lutte étatsunienne que j’ai pratiquée pendant 2 ans, et que je présente et croise avec les logiques d’éducation populaire, qui sont ma tradition d’origine, dans l’ouvrage « Organisons-nous ! Manuel critique », Hors d’atteinte, 2019), j’ai été frappée de voir à quel point « Romantique » est la pire insulte qu’un·e organizer puisse vous adresser. C’est que, notamment aux États-Unis, le capitalisme et le libéralisme font preuve de stratégies à glacer le sang. En réponse, les organisations militantes étatsuniennes tâchent de faire de même (ce qui les mène parfois à des victoires précieuses, et parfois à de toutes petites victoires réformistes sous prétexte de « pragmatisme »).
Je me souviens de cet organizer qui, face à l’enthousiasme lié à l’énorme mobilisation de la Women’s March du 21 janvier 2017, me disait « OK, but, what’s next? », et pointait que cette marche ne changeait absolument rien à la situation concrète et au rapport de force : il s’agissait juste de se réchauffer et de se faire plaisir, s’il n’y avait pas de stratégie concrète derrière pour faire pression et obtenir des victoires.
Eh bien, ce que Grégoire Chamayou dévoile avec brio et clarté dans son ouvrage, ce sont les stratégies du camp capitaliste pour préserver ses intérêts et développer ses profits, face aux contestations et possibles contestations qui auraient pu le fragiliser depuis les années 1970.

Depuis mon retour des États-Unis, j’accompagne des associations, collectifs et syndicats qui le souhaitent dans leurs réflexions sur leurs stratégies. Ce n’est pas que je sois moi-même une stratège d’exception (comme beaucoup de gens, je serais plutôt à ce propos du genre « faites ce que je dis, pas ce que je fais »), mais c’est que cela me semble intéressant, au moins à titre d’exercice, de réfléchir aussi froidement que nos adversaires. Les grilles de lecture stratégiques que je propose à mes interlocuteurices les déstabilisent souvent. Pourtant celles-ci restent bien en-deça de ce que nous devrions faire si nous nous mettions sur la même longueur d’onde que nos ennemis. Sauf que je ne sais pas s’il faut vraiment que nous le fassions, car alors qu’est-ce qui nous différencierait d’elleux ? Mais si on ne le fait pas, va-t-on continuer longtemps à perdre… ?

À ce titre, la conclusion stratégique à laquelle arrive Grégoire Chamayou parle à mon cœur : ce qui fait le plus peur au capitalisme dans sa version néolibérale et autoritaire, ce n’est pas l’État-providence keynésien, mais l’autogestion. Et pour le combattre, c’est donc cette piste qu’il nous faut suivre à nouveau et construire pour de bon : celle de l’autogestion, pour dépasser à la fois le capitalisme et l’État centralisé, pour remplacer la compétition par la coopération et l’autonomie collective et fédérée.

Bref, je vous invite fortement à lire cet ouvrage.
Je relaie ci-dessous une vidéo « fiche de lecture » réalisée par le YouTubeur Arold, et je reproduis quelques courts extraits (nécessairement sortis de leur contexte) qui m’ont particulièrement marquée.

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Furtifs & émancipation – Alain Damasio

Dans « Les furtifs », Alain Damasio nous livre plein de petites pépites pour qui s’intéresse aux dynamiques collectives, d’émancipation et de transformation sociale, comme le fait l’éducation populaire et ce site.

Je vous encourage chaleureusement à lire ce très beau livre, ce texte poétique et stimulant.
Et je reproduis ci-dessous quelques extraits qui me semblent résonner particulièrement avec les thématiques qui doivent vous animer vous aussi, si vous êtes sur ce blog 🙂

NB : Si vous n’avez pas lu le livre, ne lisez pas la suite de cet article. Sans faire du spoil, il pourrait vous gâcher un peu de la découverte du livre…

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Culture et sociabilité

Les comités syndicalistes révolutionnaires ont réalisé une brochure sur le thème « Culture et sociabilité » (elle est accessible en ligne ici sur leur site).

Le contenu de cette brochure éclaire d’une lumière particulière et passionnante la question du rôle de la sociabilité et des pratiques culturelles populaires dans l’émancipation et de la transformation sociale, notamment quand on se situe dans une perspective matérialiste [c’est-à-dire qu’on considère, à la suite de Marx et Engels, que les événements historiques sont déterminés non pas par des idées mais par des rapports sociaux (et plus particulièrement par les liens entre classes sociales) et par l’impact de l’évolution des moyens de production sur les mentalités. La conception matérialiste de l’histoire se réfère par conséquent à des situations réellement vécues par les humains (d’où l’usage de l’adjectif « matérialiste »).]

Comment la sociabilité est un préalable à la solidarité et à la conscience de classe, et donc à la résistance et à la lutte ? Comment la culture bourgeoise et la société de consommation ont réussi à assimiler confort matériel et repli sur soi (son couple, son milieu militant…), et ainsi à déconstruire les liens et les solidarités ?

De quoi nous donner l’envie de renverser la tendance et de redévelopper les cadres et espaces d’une sociabilité et de pratiques culturelles collectives et émancipatrices !

Je reproduis ici quelques extraits de cette brochure, qui m’ont particulièrement intéressés, afin de vous donner envie de la lire en entier. Ces extraits, par définition, sont sortis de leur contexte : s’ils vous interrogent, allez donc lire la brochure 😉

Je me suis permise de féminiser ces extraits, parce que j’aime bien rendre explicite le fait que les femmes font partie de la question.

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De bonnes femmes hystériques : mobilisations environnementales populaires féminines

Écoféminisme. Le texte « De bonnes femmes hystériques : mobilisations environnementales populaires féminines », de Celene Krauss, est extrait du recueil de textes écoféministes « Reclaim », paru en 2016 aux éditions Cambourakis dans la collection Sorcières.

Celene Krauss y analyse la façon dont des femmes de milieux populaires se mobilisent sur des enjeux environnementaux locaux à partir de leur subjectivité, pour porter des luttes aux enjeux globaux et radicaux. Or leur façon de se mobiliser et leurs discours sont bien souvent méprisés par les milieux militants.

Je reproduis ici certaines phrases issues de ce texte, qui m’ont marquées. Elles sont nécessairement sorties de leur contexte : je vous invite donc à vous procurer cet excellent ouvrage et à le lire !
Voir aussi « Agir avec le désespoir environnemental »

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Agir avec le désespoir environnemental

Écoféminisme. Le texte « Agir avec le désespoir environnemental », de Joanna Macy, est extrait du recueil de textes écoféministes « Reclaim », paru en 2016 aux éditions Cambourakis dans la collection Sorcières.

Joanna Macy y aborde nos peurs, et notre conception du pouvoir, nous invitant à avoir une approche systémique, et à rechercher le « pouvoir avec » plutôt que le « pouvoir sur ».

Je reproduis ici certaines phrases issues de ce texte, qui m’ont marquées. Elles sont nécessairement sorties de leur contexte : je vous invite donc à vous procurer cet excellent ouvrage et à le lire !
Voir aussi « De bonnes femmes hystériques : mobilisations environnementales populaires féminines »

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Safer space & Organisations démocratiques : « Lutter ensemble »

Dans son ouvrage « Lutter ensemble – Pour de nouvelles complicités politiques » (novembre 2018, éditions Cambourakis, collection Sorcières), Juliette Rousseau défend la nécessité de regarder en face ce qui nous sépare, les dominations qui traversent nos collectifs et nos mouvements, afin de pouvoir (mieux) s’en défaire et lutter ensemble. Aujourd’hui encore, il est difficile d’aborder ces questions, de questionner les façons dominantes de penser et de faire.
Il ne s’agit pas de mettre toute notre énergie sur la « déconstruction » individuelle, comme préalable à toute action politique, mais de prendre conscience que refuser celle-ci dessert nos luttes, notre émancipation et la transformation sociale. Les rapports oppressifs ne seront pas abolis au lendemain du grand-soir, quand le capitalisme aura été abattu : les combattre ici et aujourd’hui est un moyen d’une part de développer notre capacité collective à lutter ensemble, et est d’autre part une lutte directe contre ce qu’il nous faut abattre et dont les différentes composantes se tiennent les unes les autres.

Je reproduis ci-dessous deux extraits de l’ouvrage de Juliette Rousseau, deux outils qui peuvent servir de base pour s’interroger sur les pratiques que l’on souhaite avoir, sur les règles qu’on souhaite collectivement instituer dans son collectif :

  • Les « règles pour un espace plus safe » utilisées par le collectif Sisters Uncut (Royaume-Uni)
  • Les « principes de Jemez pour une organisation démocratique »

Ces deux textes sont issus d’un ouvrage de 500 pages : s’ils vous posent question, si vous sentez que vous avez besoin de plus de contexte, si vous avez envie d’aller plus loin dans ces réflexions, je vous invite à lire le bouquin !

Sur ce thème, voir aussi la page Transformation sociale & construction de « safer spaces » et de « brave spaces »

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