Photos & Chansons / 101-120

Trous« J’suis le poinçonneur des Lilas
Le gars qu’on croise et qu’on n’regarde pas
Y a pas de soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l’ennui j’ai dans ma veste
Les extraits du Reader Digest
Et dans c’bouquin y a ecrit
Que des gars s’la coulent douce à Miami
Pendant c’temps que je fais l’zouave
Au fond de la cave
Parait qu’il y a pas de sots métiers
Moi j’fais des trous dans les billets

J’fais des trous des p’tits trous encore des p’tits trous
Des p’tits trous des p’tits trous toujours des p’tits trous
Des trous de seconde classe
Des trous d’première classe
J’fais des trous des p’tits trous encore des p’tits
Des p’tits trous des p’tits trous toujours des p’tits trous
Des petits trous des petits trous des petits trous des petits trous.

J’suis le poinçonneur des Lilas
Pour Invalides changer à Opéra
Je vis au cœur d’la planète
J’ai dans la tête
Un carnaval de confettis
J’en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence
Je n’vois briller que les correspondances
Parfois je rêve je divague
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai
J’vois un bateau qui vient m’chercher

Pour sortir de ce trou où j’fais des p’tits trous (…)
Mais le bateau se taille
Et j’vois que j’déraille
Et je reste dans mon trou à faire des p’tits trous (…)

J’suis le poinçonneur des Lilas
Arts et Métiers direct par Levallois
J’en ai marre j’en ai ma claque
De ce cloaque
J’voudrais jouer la fille de l’air
Laisser ma casquette au vestiaire
Un jour viendra j’en suis sûr
Où j’pourrai m’évader dans la nature
J’partirai sur la grande route
Et coûte que coûte
Et si pour moi il est plus temps
Je partirai les pieds devant

J’fais des trous des p’tits trous encore des p’tits trous (…)
Y a d’quoi d’venir dingue
De quoi prendre un flingue
S’faire un trou un p’tit trou un dernier p’tit trou
Un p’tit trou un p’tit trou un dernier p’tit trou
Et on m’mettra dans un grand trou et
j’n’entendrais plus parler d’trous
Plus jamais d’trous de petits trous des petits trous, des petits trous »

Serge Gainsbourg
Le poinçonneur des Lilas
Merci Marie pour la photo et l’idée de chanson !
[Photo : Chez M&P, Orne] -101-


Bijou« Bijou, bijou, te réveille pas surtout
Je n’vais pas faire de bruit, juste un café c’est tout
Je peux plus rester ici, j’dormirai j’sais pas où

Bijou, bijou, le temps ça pourrit tout
Les ch’veux dans l’lavabo, et les mégots n’importe ou
Et puis tu prends ton bain, avec de drôles de joujoux

Bijou, bijou, y’a des feux rouges partout
Puis au coin de la rue l’armée du salut qui joue
À ma montre y’a plus de chaîne
À mes cols d’chemise plus de baleine

Bijou, bijou, pense à tes rendez-vous
Rapp’ler le gynéco
Passer à la banque prendre des sous
Trouver quelqu’un d’autre
Moi j’mets les bouts

Bijou, bijou
J’pourrai pas t’dire au revoir
C’matin j’ai pas l’bambou
Putain ce que t’as été belle
Quand tu t’mettais à g’noux

Bijou, bijou
Je vais pas fair’de bruit, juste un café c’est tout
J’peux plus rester ici, j’dormirai j’sais pas où »

Alain Bashung
Bijou
[Photo : Boulogne-Billancourt, 92] -102-


« Un peu spéciale, elle est célibataire
Le visage pâle, les cheveux en arrière, et j’aime ça
Elle se dessine sous des jupes fendues
Et je devine des histoires défendues, c’est comme ça
Tell’ment si belle quand elle sort
Tell’ment si belle, je l’aime tell’ment si fort

Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue
Elle a tiré la première, m’a touché, c’est foutu
Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue
Elle a tiré la première, elle m’a touché, c’est foutu

Un peu larguée, un peu seule sur la terre
Les mains tendues, les cheveux en arrière, et j’aime ça
A faire l’amour sur des malentendus
On vit toujours des moments défendus, c’est comme ça
Tell’ment si femme quand elle mord
Tell’ment si femme, je l’aime tell’ment si fort

Elle a les yeux revolver (…)

Son corps s’achève sous des draps inconnus
Et moi je rêve de gestes défendus, c’est comme ça
Un peu spéciale, elle est célibataire
Le visage pâle, les cheveux en arrière, et j’aime ça
Tell’ment si femme quand elle dort
Tell’ment si belle, je l’aime tell’ment si fort

Elle a les yeux revolver (…)
C’est foutu »

Marc Lavoine
Les yeux révolvers
[Photo : Paris XIè] -103-


« Monsieur le président, je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être si vous avez le temps.
Je viens de recevoir mes papiers militaires
Pour partir à la guerre avant mercredi soir.
Monsieur le président, je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens.
C’est pas pour vous fâcher, il faut que je vous dise,
Ma décision est prise, je m’en vais déserter.

Depuis que je suis né, j’ai vu mourir mon père,
J’ai vu partir mes frères et pleurer mes enfants.
Ma mère a tant souffert qu’elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes et se moque des vers.
Quand j’étais prisonnier, on m’a volé ma femme,
On m’a volé mon âme, et tout mon cher passé.
Demain de bon matin je fermerai ma porte
Au nez des années mortes, j’irai sur les chemins.

Je mendierai ma vie sur les routes de France,
De Bretagne en Provence et je dirai aux gens:
«Refusez d’obéir, refusez de la faire,
N’allez pas à la guerre, refusez de partir.»
S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre,
Vous êtes bon apôtre, Monsieur le président.
Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes
Que j’emporte des armes et que je sais tirer. »

Boris Vian
Le déserteur

C’est là la fin originelle du poème. Elle a été changée pour permettre la diffusion grand public de la chanson. La version diffusée à donc été :
« Que je n’aurai pas d’armes, et qu’ils pourront tirer »
Ce changement est bien dommage, car le pacifisme politique n’implique pas de prendre un rôle de martyr-e et de subir la violence sans se défendre

[Photo : Beyrouth, 2012] -104-


« Quand au bout d’huit jours, le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile, que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comme dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s’en va là-bas en baissant la tête

[Ref] Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours de cette guerre infâme
C’est à Craonne sur le plateau qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous des condamnés
C’est nous les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève, que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence, on voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied, qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe
Nos pauvr’ remplaçants, vont chercher leurs tombes

[Ref]

C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose, pour nous c’est pas la même chose
Au lieu d’se cacher, tous ces embusqués
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens, car nous n’avons rien
Nous autres les pauv’ purotins
Et les camarades sont enterrés là
Pour défendr’ les biens de ces messieurs là

[Ref] Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, nous, les troufions, on va se mettre en grève
Ce sera vot’ tour messieurs les gros, de monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre, payez-la de votre peau »

La chanson de Craonne
[Photo : Jérusalem Ouest, 2013] -105-


« Je veux dédier ce poème à toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine, qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais

A celle qu’on voit apparaître une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui

À la compagne de voyage dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main

À celles qui sont déjà prises et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie, laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant

Chères images aperçues, espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne, il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l’on a manqué sa vie , on songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude, tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes de toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir »

Georges Brassens
Les passantes
[Photo : Paris XIXè] -106-


« Le gars était un tâcheron, n’ayant que ses bras pour fortune
La fille celle du patron, un gros fermier de la commune
Ils s’aimaient tous deux tant et plus
Ils s’aimaient tous deux tant et plus

Écoutez ça, les bonnes gens
Petits de cœur et gros d’argent
Écoutez ça ils s’aimaient tant et plus
L’amour, ça se fout des écus

Lorsqu’ils s’en revenaient du bal, par les minuits clairs d’assemblée
Au risque d’un procès-verbal, ils faisaient de larges roulées
Au plein des blés profonds et droits
Au plein des blés profonds et droits

Écoutez ça, les bonnes gens
Qu’un bicorne rend grelottants
Écoutez ça des blés profonds et droits
L’amour, ça se fout de la loi

Un jour s’en furent tous deux prier, elle son père, et lui son maître
De les laisser se marier, mais le vieux les envoya paître
Alors ils prirent la clé des champs
Alors ils prirent la clé des champs

Ecoutez ça, les bonnes gens
Qui respectez les cheveux blancs
Écoutez ça ils prirent la clé des champs
L’amour, ça se fout des parents

S’en fu-rent dans quelque cité, loin des labours et des jachères
Passèrent ensemble un été, puis tout d’un coup ils se fâchèrent
Et se quittèrent bêtement
Et se quittèrent bêtement

Écoutez ça, les bonnes gens
Mariés, cocus et puis contents
Écoutez ça ils s’quittèrent bêtement
L’amour, ça se fout des amants »

Amour anarchie
Poème Gaston Couté
Mis en musique par Marc Robine
[Photo : souvenir personnel] -107-


« Si tu t’en vas, si tu t’en vas un jour, tu m’oublieras
Les paroles d’amour ça voyage pas
Si tu t’en vas, la mer viendra toujours vers le rivage
Les fleurs sauvages, dans les blés lourds
Viendront toujours

Si tu t’en vas, si tu t’en vas un jour, tu m’oublieras
Les blessures d’amour ne s’ouvrent pas
Si tu t’en vas, la source ira toujours grossir le fleuve
Les amours neuves, vers les beaux jours
Iront toujours

Si tu t’en vas, si tu t’en vas un jour, tout finira
Les choses de l’amour, ne vivent pas
Si tu t’en vas, la mort vaincra toujours la fleur de l’âge
C’est son ouvrage, malgré l’amour
Qui meurt toujours

Si tu t’en vas, si tu t’en vas un jour, rappelle-toi
Les paroles d’amour ne s’envolent pas
Si tu t’en vas, au-delà de la vie vers la lumière
Où les prières n’arrivent plus
Elles sont perdues

Si tu t’en vas, si tu t’en vas un jour, dans ces coins-là
Nous parlerons d’amour, comme autrefois
Si c’est possible… »

Léo Ferré
Si tu t’en vas
[Photo : Istanbul, 2011] -108-


« La rage du peuple (X4)
Ok, on a la rage mais c’est pas celle qui fait baver
Demande à Fabe, la vie claque comme une semelle sur les pavés
La rage de voir nos buts entravés, de vivre en travers
La rage gravée depuis bien loin en arrière
La rage d’avoir grandi trop vite quand des adultes volent ton enfance
Imagine un mur et abolis la rage
Car impossible est cette paix tant voulue
La rage de voir autant de CRS armés dans nos rues
La rage de voir ce putain de monde s’autodétruire
Et que ce soit toujours des innocents au centre des tirs
La rage car c’est l’homme qui a crée chaque mur
Se barricader de béton, aurait-il peur de la nature ?
La rage car il a oublié qu’il en faisait parti,
Désharmonie profonde
Mais dans quel monde la Colombe est partie ?
La rage d’être autant balafré par les piquants des normes
Et puis la rage, ouais la rage d’avoir la rage depuis qu’on est mômes

(Refrain)
Parce qu’on a la rage, on restera debout quoi qu’il arrive
La rage d’aller jusqu’au bout et là où veut bien nous mener la vie
Parce qu’on a la rage, on pourra plus s’taire ni s’asseoir dorénavant
On s’tiendra prêt parce qu’on a la rage, le cœur et la foi
Parce qu’on a la rage, on restera debout quoi qu’il arrive
La rage d’aller jusqu’au bout au delà où veut bien nous mener la vie
Parce qu’on a la rage, rien ne pourra plus nous arrêter
Insoumis, sage, marginal, humaniste ou révolté

La rage parce qu’on choisit rien et qu’on subit tout le temps
Et vu que leurs choix sont bancales
Et bien tout équilibre fout le camp
La rage car l’irréparable s’entasse depuis un bout de temps
La rage car qu’est ce qu’on attend
Pour s’mettre debout et foutre le boucan
La rage c’est tout ce qu’ils nous laissent
T’façon tout ce qui nous reste
La rage, combien des nôtres finiront par retourner leur veste
La rage de vivre et de vivre l’instant présent
De choisir son futur libre et sans leurs grilles d’oppression
La rage, car c’est la merde et que ce monde y adhère
Et parce que tout leurs champs OGM stérilisent la Terre
La rage pour qu’un jour l’engrenage soit brisé
Et la rage car trop lisent Vérité à sur leur écran télévisé

La rage car ce monde ne nous correspond pas
Nous nourrissent de faux rêves pour placer leur rempart
La rage car ce monde ne nous correspond pas
Où Babylone s’engraisse pendant qu’on crève en bas

(Refrain)

La rage d’y croire et de faire en sorte que ça bouge
La rage d’un Chirac, d’un Sharon, d’un Tony Blair ou d’un Bush
La rage car ce monde voit rouge mais de grisailles entouré
Parce qu’ils n’entendent jamais les cris lorsque le sang coule
La rage car c’est le pire que nous frôlons
La rage car l’Occident n’a toujours pas ôté sa tenue de colons
La rage car le mal tape sans cesse trop
Et que ne sont plus mis au goût du jour
Tant de grands savoirs ancestraux
La rage, trop de mensonges et de secrets gardés
Les luttes de nos Etats, riche de vérité, pouvoir changer l’humanité
La rage car ils ne veulent pas que ça change
Préférant garder leur pouvoir et nous manipuler comme leurs engins
La rage car on croit aux anges et qu’on a choisit de marcher avec eux
La rage parce que mes propos dérangent
Vois aux quatre coins du globe, la rage du peuple en ébullition
La rage, ouais la rage ou l’essence de la révolution

(Refrain x2)

Anticapitalistes, altermondialistes
Ou toi qui cherche la vérité sur ce monde
La résistance de demain
À la veille d’une révolution mondiale et spirituelle
La rage du peuple, la rabbia del pueblo
Parce qu’on a la rage, celle qui fera trembler tes normes
Parce qu’on a la rage… »

Keny Arkana
La rage
[Photo : Derry, Irlande, 2010] -109-


« Nager dans les eaux troubles des lendemains, attendre ici la fin
Flotter dans l’air trop lourd du presque rien, à qui tendre la main
Si je dois tomber de haut, que ma chute soit lente
Je n’ai trouvé de repos, que dans l’indifférence
Pourtant, je voudrais retrouver l’innocence
Mais rien n’a de sens, et rien ne va
Tout est chaos, à  côté
Tous mes idéaux : des mots abimés
Je cherche une âme, qui pourra m’aider
Je suis d’une génération désenchantée, désenchantéeQui pourrait m’empêcher de tout entendre
Quand la raison s’effondre
A quel saint se vouer, qui peut prétendre
Nous bercer dans son ventre
Si la mort est un mystère, la vie n’a rien de tendre
Si le ciel a un enfer, le ciel peut bien m’attendre
Dis moi, dans ces vents contraires comment s’y prendre
Plus rien n’a de sens, plus rien ne va

Tout est chaos, à côté
Tous mes idéaux : des mots abimés
Je cherche une âme, qui pourra m’aider
Je suis d’une génération désenchantée, désenchantée »

Mylène Farmer
Désenchantée
[Photo : Paris XIè, fin de manif du 1er mai] -110-


« Sur la route qui mène à Vegas
Je nous y vois encore
Elle et moi on avait la classe
Dans notre voiture de sport
Main dans la main, on se sourit
Parce que demain, on va se dire oui
C’est grave comme c’est bien, quand on s’marie
ça j’m’en souviens, c’est c’qu’on s’était dit

Dans le poste y avait un Jackson
“just can’t stop loving you”
Elle et moi on jouait du klaxon
Qu’est ce qu’on était dans l’coup
Elle roulait bien, notre Ferrari
C’était pas rien, on était bien parti
C’est grave comme c’est bien, quand on s’marie
Ça j’m’en souviens, parce qu’on s’était dit Oui

Moi j’pensais qu’c’était pour la vie, Marylin
C’était pas pour le film
Qu’on était à l’autre bout du globe
Que j’t’avais enfilè cette robe
C’était pas pour faire snob
C’était pas pour la frime
Moi j’étais in love

Bienvenue au Caesar Palace
Au bord d’la piscine
Pour la fête y a pas meilleure place
C’était dans l’magazine
Des magiciens, des confettis
Des musiciens qui jouent du funky
C’est grave comme c’est bien, quand on s’marie
ça j’m’en souviens, c’est c’qu’on s’était dit Oui

Mais j’pensais qu’c’était pour la vie, Marylin
C’était pas pour le film
Qu’on était à l’autre bout du globe
Que j’t’avais enfilé cette robe
C’était pas pour faire snob

Moi j’pensais qu’c’était pour la vie, Marylin
C’était pas pour la frime
Qu’on avait huit heures de jetlag
Que j’t’avais enfilé cette bague
C’était pas pour la blague
C’était pas pour le gag
Moi j’étais in love »

Mathieu Boogaerts
Vegas

[Photo : Sète, Pointe courte] -111-


« Cinq heures du mat’ j’ai des frissons
Je claque des dents et je monte le son
Seul sur le lit dans mes draps bleus froissés
C’est l’insomnie, sommeil cassé
Je perds la tête et mes cigarettes
Sont toutes fumées dans le cendrier
C’est plein d’Kleenex et d’bouteilles vides
J’suis tout seul, tout seul, tout seul
Pendant qu’Boulogne se désespère
J’ai d’quoi m’remplir un dernier verre
Clac fait le verre en tombant sur le lino
J’m’coupe la main en ramassant les morceaux
Je stérilise, les murs qui dansent
L’alcool ça grise et ça commence
Yeah, Yeah, Yeah, Yeah
… font les moutons, sur le parquet

Et à c’moment là, qu’est-ce que vous avez fait ?
J’crois qu’j’ai r’mis la radio
Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît
L’ précipice est au bout
L’ précipice on s’en fout
Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît.
Toutes les étoiles qui brillent
Qu’est-ce qu’elles ont à m’dire, les étoiles ?

Six heures du mat’ faut qu’j’trouve à boire
Liqueur forte ou café noir
J’brûle un feu rouge, police patrouille
Je serre les fesses, y’a rien qui presse
« Quatre, cinq francs ma rose ! »
Crie le p’tit chose dans le matin rose
J’gare mon ondine sous ses comptines
Ah ! Qu’est-ce t’as là, qu’est-ce t’as ?

Tout près d’une poste, y’a un p’tit bar
Je pousse la porte et je viens m’asseoir
Trois, quatre patibulaires
Tapent le carton dans les waters
Toute seule au bar dans un coin noir
Une blonde platine sirote sa fine
Elle m’dit : « Champagne ? » Je l’accompagne
Elle m’dit : « Cinquante ? » J’lui dis : « Ca m’tente »

Et vous êtes rentré comment ?
– Dans ma voiture
Ah ! Et y avait toujours l’même air à la radio
Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît
Que d’pression dans les bars…
Personne te pousse à boire
Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît
Les gens ont d’ces manies
– La décalcomanie…

Sept heures du mat’, l’hôtel
Je paie, j’abrège
Je fouille mes poches, je sais c’est moche
Son sourire rouge, son corps qui bouge
Elle fait glisser son cœur croisé sur sa peau bronzée
T’as les bas nylon qui filent sur l’édredon
Ses ongles m’accrochent « Tu viens Chéri ? »
Le lit qui craque et les volets claquent
Seuls dans le lit dans ses draps bleus froissés
Sur sa peau glisse mes doigts glacés
Elle prend la pose, j’pense à autre chose
Ses yeux miroirs renvoient mon r’gard
Les anges pressés dans ce bleu glacé
Me disent : « C’est l’heure ! », J’leur dis : « Quelle heure ? »

Et vous, vous souvenez vraiment pas de c’qui s’est passé ?
-Non, vraiment pas.
Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît !
Sous mes pieds, y a la terre
Sous tes pied, y a l’enfer !
Chacun fait, fait, fait
C’qui lui plaît, plaît, plaît !
Mon Dieu, j’peux même pas jouir
– Tant pis pour toi, il faut dormir

Alors j’me sauve dans le matin gris
C’est plein d’cageots et pas d’taxi
Les chats qui s’tapent leurs p’tits ronrons
Des éminences, des p’tits bateaux
Porte d’la Chapelle, je m’sens pas belle
Mes bigoudis sont plus en plis
Dans mon studio, j’aspirateur
La vidéo m’fait un peu peur

Madame pipi a des ennuis
Monsieur papa s’fait du tracas
Dans les logis des mal lotis
Bébé vomit sa bouillie
Huit heures du mat’ j’ai des frissons
Je claque des dents et je monte le son
Seule sur le lit dans mes draps bleus froissés
C’est l’insomnie, sommeil cassé
Je perds la tête, mes cigarettes
Sont toutes fumées dans le cendrier
C’est plein d’Kleenex et d’bouteilles vides
J’suis toute seule, toute seule, toute seule
Pendant qu’Boulogne se désespère
J’ai d’quoi m’remplir un dernier verre
Clac fait le verre en tombant sur le lino
J’m’coupe la main en ramassant les morceaux

I don’t need money, I don’t need a car…

[Now, here’s a story that must be told
‘Bout a man who rocks since he’s four years old
He danced up and down from night ’til dawn
He said: Check that beat goes on and on
He jives on reggae, he jives on punk
He said: Give me music and not just funk
He jumps to the left, he jumps to the right
He jumps up and down all through the night] »

Chagrin d’amour
Chacun fait (c’qui lui plaît)

[Photo : château de Chenonceaux] -112-


« Moi, j’étais un fils à maman
Tous les soirs en m’endormant
Elle me disait, “Quand tu s’ras grand
Tu danseras le Prince Charmant
Dans la Belle au Bois Dormant
Dans la Belle au Bois Dormant!”

Tous les samedis après-midi
Pendant que les gars du quartier
Jouaient au football ou au hockey
Moi j’prenais des cours de ballet
C’est pour ça qu’j’avais pas d’amis

À quinze ans, ma mère m’a donné
En cadeau d’anniversaire

Tout Tchaikovsky dans un coffret
Moi, j’ai couru chez le disquaire
Le lendemain, pour l’échanger

C’est ce jour là que j’ai rencontré
Le premier amour de ma vie
S’appelait David Bowie
Sa musique a changé ma vie
Moi, j’ai changé mon nom pour lui
J’ai changé mon nom pour lui

(Ziggy!)
(Ziggy!)

Je suis parti de chez ma mère
Je suis revenu voir le disquaire
Il m’a engagé comme vendeur
Mais maintenant, je sais c’que j’veux faire

J’veux être un danseur de rock
Premier danseur de rock au monde
J’veux être un danseur de rock! « 

Starmania
Michel Berger & Luc Plamondon
La chanson de Ziggy

[Photo : streetart, Londres] -113-


« Si l’on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l’eau profonde
C’est que jamais quand ils sont polissons
Leur maman ne les gronde

Quand ils s’oublient à faire pipi au lit
Ou bien sur leurs chaussettes
Ou à cracher comme des pas polis
Elle reste muette

La maman des poissons elle est bien gentille !

Elle ne leur fait jamais la vie
Ne leur fait jamais de tartine
Ils mangent quand ils ont envie
Et quand ça a dîné ça r’dîne

La maman des poissons elle a l’oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l’aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l’aime bien avec du citron

La maman des poissons elle est bien gentille !

S’ils veulent prendre un petit vers
Elle les approuve de deux ouïes
Leur montrant comment sans ennuis
On les décroche de leur patère

La maman des poissons elle a l’oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l’aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l’aime bien avec du citron

La maman des poissons elle est bien gentille !

S’ils veulent être maquereaux
C’est pas elle qui les empêche
De s’faire des raies bleues sur le dos
Dans un banc à peinture fraîche

La maman des poissons elle a l’oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l’aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l’aime bien avec du citron

La maman des poissons elle est bien gentille !

J’en connais un qui s’est marié
A une grande raie publique
Il dit quand elle lui fait la nique
« Ah! qu’est-ce qui tu me fais, ma raie ! »

La maman des poissons elle a l’oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l’aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l’aime bien avec du citron

Si l’on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l’eau profonde
C’est que jamais quand ils sont polissons
Leur maman ne les gronde

Quand ils s’oublient à faire pipi au lit
Ou bien sur leurs chaussettes
Ou à cracher comme des pas polis
Elle reste muette

La maman des poissons elle est bien gentille ! »

Boby Lapointe
La maman des poissons

[Photo : Paris 4è arrondissement] -114-


« Si tu crois un jour que tu m’aimes
Ne crois pas que tes souvenirs me gênent
Et cours, cours jusqu’à perdre haleine
Viens me retrouver

Si tu crois un jour que tu m’aimes
Et si ce jour-là tu as de la peine
A trouver où tous ces chemins te mènent
Viens me retrouver

Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S’installe en toi
Pense à moi, pense à moi

Mais si tu crois un jour que tu m’aimes
Ne le considère pas comme un problème
Et cours, cours jusqu’à perdre haleine
Viens me retrouver

Si tu crois un jour que tu m’aimes
N’attends pas un jour, pas une semaine
Car tu ne sais pas où la vie t’emmène
Viens me retrouver

Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S’installe en toi
Pense à moi, pense à moi »

Michel Berger
Message personnel

[Photo : Streetart, Paris 19è arrondissement] -115-


« Il suffirait de presque rien,
Peut-être dix années de moins
Pour que je te dise « Je t’aime »
Que je te prenne par la main
Pour t’emmener à Saint-Germain
Et prendre un autre café-crème

Mais pourquoi faire ce cinéma ?
Fillette allons regarde-moi
Et vois les rides qui nous séparent
A quoi bon jouer la comédie
Du vieil amant qui rajeunit
Toi même ferait semblant d’y croire

Vraiment de quoi aurions-nous l’air ?
J’entends déjà les commentaires

« Elle est jolie
Comment peut-il encore lui plaire
Elle au printemps, lui en hiver »

Il suffirait de presque rien
Pourtant personne tu le sais bien
Ne repasse par sa jeunesse
Ne sois pas stupide et comprends
Si j’avais comme toi vingt ans
Je te couvrirais de promesses

Allons bon voilà ton sourire
Qui tourne à l’eau et qui chavire
Je ne veux pas que tu sois triste
Imagine ta vie demain
Tout à côté d’un clown en train
De faire son dernier tour de piste

Vraiment de quoi aurais-tu l’air ?
J’entends déjà les commentaires
« Elle est jolie
Comment peut-il encore lui plaire ?
Elle au printemps, lui en hiver »

C’est un autre que moi demain
Qui t’emmènera à St-Germain
Prendre le premier café crème
Il suffisait de presque rien
Peut-être dix années de moins
Pour que je te dise « Je t’aime » »

Serge Reggiani
Il suffirait de presque rien
Paroles de Jean-Max Rivière
Musique de Gérard Bourgeois

[Photo : Jordanie] -116-


« Dans un an et un jour, si personne n’est passé
Réclamer notre amour aux sentiments trouvés
Au milieu des portables et des parapluies percés
Je serai bien capable de venir te chercher

Dans un an et un jour, si personne n’est venu
Réclamer notre amour aux sentiments perdus
Au milieu des cartables et des portefeuilles vidés
Tu serais bien aimable de venir me chercher

Dans un an et un jour, c’est ce que se disent les clés
Et les bouquins de poche aux pages déjà cornées

Dans un an et un jour, si personne n’est passé
Réclamer notre amour aux sentiments trouvés
Au milieu des portables et des parapluies percés
Je serai bien capable de venir te chercher

Dans un an et un jour, c’est ce qu’attendent les cuirs
En serviettes et blousons pour enfin ressortir
C’est un compte à rebours pour lunettes de soleil
Que l’ombre des cartons empêche de voir le ciel

Dans un an et un jour, si personne n’est venu
Réclamer notre amour aux sentiments perdus
Au milieu des cartables et des portefeuilles vidés
Tu serais bien aimable de venir me chercher

Dans un an et un jour, c’est ce que se disent les clés
Et les bouquins de poche aux pages déjà cornées
Plus d’écrins, plus de velours, c’est ce que veulent les alliances
En rêvant de main gauche, d’oreillers, de confidences

Dans un an et un jour… »

Art Mengo
Dans un an et un jour
Paroles Marc Esteve
Musique Michel Artmengot

[Photo : Irlande, Derry] -117-


À suivre…