Une sorcière comme les autres

Une magnifique chanson d’Anne Sylvestre (parue en 1975 dans son album éponyme), interprétée ici par la chanteuse québecoise Pauline Julien.

Lire les paroles :

(Et à propos de Sorcières, je renvoie vers mon article sur l’écoféminisme)

S’il vous plaît, soyez comme le duvet
Soyez comme la plume d’oie, des oreillers d’autrefois
J’aimerais, ne pas être portefaix
S’il vous plaît, faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d’amour
Je vous ai porté encore
A l’heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Vous ai morcelé mon cœur

Quand vous jouiez à la guerre
Moi je gardais la maison
J’ai usé de mes prières
Les barreaux de vos prisons
Quand vous mouriez sous les bombes
Je vous cherchais en hurlant
Me voilà comme une tombe
Et tout le malheur dedans

Ce n’est que moi, c’est elle ou moi
Celle qui parle ou qui se tait
Celle qui pleure ou qui est gaie
C’est Jeanne d’Arc ou bien Margot
Fille de vague ou de ruisseau

C’est mon cœur ou bien le leur
Et c’est la sœur ou l’inconnue
Celle qui n’est jamais venue
Celle qui est venue trop tard
Fille de rêve ou de hasard

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

Il vous faut, être comme le ruisseau
Comme l’eau claire de l’étang, qui reflète et qui attend
S’il vous plaît, regardez-moi je suis vraie
Je vous prie ne m’inventez pas, vous l’avez tant fait déjà

Vous m’avez aimée servante
M’avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m’avez aimée putain
Et couverte de satin
Vous m’avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j’étais vieille et trop laide
Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide
Quand je ne vous servais plus
Quand j’étais belle et soumise
Vous m’adoriez à genoux
Me voilà comme une église
Toute la honte dessous

Ce n’est que moi, c’est elle ou moi
Celle qui aime ou n’aime pas
Celle qui règne ou qui se bat
C’est Joséphine ou la Dupont
Fille de nacre ou de coton

C’est mon cœur, Ou bien le leur
Celle qui attend sur le port
Celle des monuments aux morts
Celle qui danse et qui en meurt
Fille d’asphalte ou fille fleur

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S’il vous plaît,
Soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent
Libre aussi, regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n’ayez pas peur
Pour moi je vous sais par cœur

J’étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J’étais la bûche et le feu
L’incendie aussi je peux
J’étais la déesse mère
Mais je n’étais que poussière
J’étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s’ouvre
Et le volcan n’en peux plus
Le sol se rompt on découvre
Des richesses inconnues
La mer à son tour divague
De violence inemployée
Me voilà comme une vague
Vous ne serez pas noyé

Ce n’est que moi, c’est elle ou moi
Et c’est l’ancêtre ou bien l’enfant
Celle qui cède ou se défend
C’est Gabrielle ou bien Eva
Fille d’amour ou de combat

C’est mon cœur, ou bien le leur
Celle qui est dans son printemps
Celle que personne n’attend
Et c’est la moche ou c’est la belle
Fille de brume ou de plein ciel

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S’il vous plaît,
S’il vous plaît faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger


Et on peut continuer longtemps à écouter Anne Sylvestre et Pauline Julien. Par exemple, encore une chanson féministe de la première interprétée par la seconde : « Non, tu n’as pas de nom »

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