Bilan 2024-25

Rapport d’activité 2024-25 Adeline de Lépinay

Concrètement, au-delà de la présentation de mes activités sur ce site ou de mon doc de com° en pdf, voici ce que j’ai fait cette année 2024-25.

Mes « classiques » autour de l’éducation populaire à visée d’émancipation et de transformation sociale

J’ai continué à être beaucoup sollicitée sur mes « classiques », les sujets que je travaille dans l’ouvrage « Organisons-nous ! Manuel critique » (éd. Hors d’atteinte, 2019) et sur le site www.education-populaire.fr, et notamment :

  • L’éducation populaire dans une ambition d’émancipation et de transformation sociale
  • Le rôle démocratique du secteur associatif dans une période de répression des libertés associatives
  • Le community organizing
  • Les stratégies pour avoir un impact concret sur le réel, et notamment le rapport au rapport de force et à l’idée même de stratégie
  • Comment agir dans l’espace public
  • Favoriser la participation, l’implication, le pouvoir d’agir (= lutter contre les empêchements d’agir matériels ou liés à l’intériorisation des oppressions subies)
  • Animer des débats, pourquoi et comment ne pas craindre le conflit et l’affrontement en contexte démocratique
  • Agir contre la montée des idées d’extrême-droite
  • Etc.

Sur ces sujets, j’ai réalisé des interventions en tribunes et animé des formations et des ateliers, par exemple pour l’Université populaire des parents, pour les Centres sociaux des Pays-de-la-Loire (à deux voix avec Yann Le Bossé), pour le Centre ressource politique de la ville du Grand-Est, pour l’ONG Equipop, pour le groupe local Attac Paris 19-20, pour la Ligue de l’enseignement 37, pour le compagnonnage REPAS… Ce sont des militant·es et des professionnel·les qui me sollicitent dans l’optique de travailler leurs postures et d’aller plus loin dans leurs pratiques  d’éducation populaire.

J’ai par ailleurs chroniqué deux ouvrages : celui de Cyrille Bock sur la dépolitisation de l’animation socioculturelle, et Animons ! Avec joie et ambition, de Sébastien Hovart. J’aurais voulu faire plus mais je n’ai pas eu le temps.
Tous ces sujets continuent à m’animer au quotidien, et je les nourris notamment au travers des mes investissements militants.

Et quant à mon bouquin, il continue à se diffuser et à être régulièrement réimprimé par Hors d’atteinte, ce qui mène le nombre d’exemplaires à plus de 3500, et j’en suis toute ravie !

L’accompagnement du travail réflexif des collectifs en action

Ce que j’aime beaucoup faire, c’est accompagner concrètement le travail réflexif des collectifs qui œuvrent pour l’émancipation et la transformation sociale. C’est dans cette activité que je me sens au plus proche de ma fonction d’animatrice de processus collectifs d’éducation populaire : quand j’accompagne des collectifs à prendre du recul sur leurs pratiques, à avoir ensemble des réflexions sur [pour simplifier] « Après quoi on court et comment on s’y prend ? » ou  « Qu’est-ce que notre action produit, qu’est-ce qu’on en pense, qu’est-ce qui nous empêche et comment on peut agir contre ? », menant une réflexivité en réalisant des allers-retours entre action et analyse, des boucles entre voir, juger et agir.

Cette année comme les précédentes, j’ai réalisé des accompagnements au long-terme et j’ai animé des séminaires de travail ou encore des temps d’Assemblée générale, toujours dans l’objectif de permettre aux collectifs de mener une analyse critique de l’action qu’ils mènent et d’élaborer, en les débattant, les perspectives envisageables pour la suite.

Par ailleurs pour la première année, grâce à mon master de l’année dernière, j’ai commencé à animer des groupes d’analyse de pratique auprès de professionnel·les et bénévoles qui se retrouvent dans mon approche de l’éducation populaire, et je trouve que c’est une activité qui a beaucoup de sens et d’efficacité.

Sur ces objets, j’ai travaillé par exemple avec des Centres sociaux, WWOOF France, La Confédération paysanne, Les amis de la terre, le CRIDEV (Centre de ressources et d’interpellation pour un monde sans rapports de domination)…

Travail, organisation du travail, prévention du burn-out, conflits et blocages internes

En 2023-24 j’ai suivi le master TPICO (théories et pratiques de l’intervention clinique dans les organisations) qui m’a permis de me renforcer en sociologie, psychosociologie et approches cliniques du travail. Grâce à cela, je me sens désormais armée pour intervenir sur la question du travail, de l’organisation interne, de la prévention du burn-out (militant, associatif, professionnel), et sur les situations de conflits et de blocages internes. Depuis des années, ces sujets croisaient ceux sur lesquels j’intervenais et je voyais bien qu’il était impossible de séparer « ce qu’on fait » de « comment on le fait ». Dans les organisations militantes, associatives, professionnelles qui œuvrent à l’émancipation et à la transformation sociale, il est nécessaire de travailler sur le rapport au pouvoir, au leadership, à la justice, au cadre, au temps, à la prise de décision, au conflit, au salariat, à la fonction employeur, à l’argent (ce qui a été l’objet de mon mémoire de master l’année dernière). Cela fait désormais partie intégrante de ma palette d’activités.

Cette année, j’ai réalisé sur ces sujets des interventions, formations et ateliers visant la conscientisation de ce qu’il se joue dans le travail (qu’il soit travail-emploi, travail-activité ou travail-militant, mais toujours travail-collectif). J’ai par ailleurs réalisé des accompagnements de structures qui faisaient face à des situations tendues. Et j’ai contribué à une recherche pour le compte de l’IRES sur la question des crises et du renouvellement des cadres dans les organisations militantes.
Je suis notamment intervenue pour la FSU-SNUipp, des Centres sociaux, et plusieurs structures de travail en autogestion. J’ai réalisé ma première socianalyse et mon premier DLA.
Par ailleurs, je me suis formée au droit des coopératives au CNAM (5 jours), j’ai continué mes investissements dans le cadre du syndicat ASSO Solidaires, je me suis renforcée en matière d’analyse institutionnelle (5 jours) et de psychosociologie (3 jours).

Et le chant !

C’est important pour moi, et, que ce soit le chant ou d’autres pratiques artistiques, je crois que c’est important tout court. Pour ma part, en tant que « passeuse de chants », j’anime des stages et ateliers populaires, au sens où ils ne s’adressent pas spécifiquement à des personnes déjà formées et expertes, mais à des groupes qui souhaitent chanter ensemble et pourquoi pas en polyphonie des chants qui portent du sens, de la joie, de la colère, de l’utopie, tout en comprenant suffisamment comment fonctionne notre corps-instrument pour ne pas se faire mal et pour pouvoir en jouer avec plaisir. Pour moi le chant c’est un art de l’écoute, une pratique où chacun·e doit donner de la voix dans l’objectif de créer un son collectif, et non pas chanter plus fort et prendre le pouvoir sur les autres. Autant dire que je fais beaucoup de parallèles avec les autres objets sur lesquels je travaille. Et comme pour mes autres objets, j’apprécie particulièrement d’intervenir auprès de groupes qui ont quelque chose à faire ensemble, que ce soit dans le chant ou au-delà du chant (et le plus souvent au-delà du chant), plutôt qu’auprès de groupes constitués de personnes qui ne se reverront pas forcément.
Cette année, j’ai animé des ateliers dans des festivals (le Scarabal, les deux éditions du Folk au Morimont, et Kan ya makan à Tours) ainsi que deux stages de deux jours, à Saint-Nazaire et à Paris.

De mon côté, j’ai participé cette année à un stage avec Brigitte Gardet autour de la polyphonie et de l’improvisation libre (voix), à un stage de polyphonies et percussions ibériques avec Grégory Duveau, et à un atelier régulier d’improvisation libre (tout instrument) animé par l’ONCEIM à Paris. J’ai trouvé dans l’improvisation libre une pratique qui demande tout particulièrement de l’écoute, ce qui me plaît beaucoup. Cette année m’a cependant laissé peu de temps pour une pratique musicale collective (j’espère bien y remédier l’année à venir). J’ai juste fait un p’tit concert guitare-voix dans une chapelle dans l’Orne à l’occasion des Journées du patrimoine, et animé quelques karaoké-lives pour le plaisir. Et puis j’ai ajouté à mon instrumentarium une 3ème guitare et un pandrero cuadrado (joie).

Farandole de chiffres

Parce que je suis aliénée aux indicateurs chiffrés, je n’ai pas pu m’empêcher de compter que cette année j’ai travaillé 220 jours : mais ça c’est utile à compter pour ne pas exploser… J’ai reçu 34 commandes (dont 6 Qualiopi) ayant donné lieu à 53 interventions et 68 jours face-public (dont 22 en week-end…). En sachant qu’au « face-public » s’ajoutent des temps impossibles à comptabiliser précisément : les temps de préparation, d’enquête et d’entretiens préalables, de rédaction de rapports, d’analyse et de supervision de ma pratique, de lectures indispensables, de formation, de contribution à du travail collectif, etc. Pour le coup, je n’ai pas compté le nombre de personnes avec qui j’ai travaillé, ça ce serait trop absurde car ça laisserait à penser que « plus » est « mieux ». En revanche je peux dire que j’ai fait 26 déplacements professionnels hors région parisienne : la SNCF me dira en fin d’année combien cela fait de kilomètres, mais probablement que ça va me donner un peu le vertige…

Ce que je peux dire aussi, c’est que tout cela je l’ai facturé en partie en autoentreprise (statut précaire qu’il faut que je lâche mais qui me permet de ne pas facturer de TVA aux structures qui ont peu de moyens [aucune des structures avec lesquelles je travaille ne récupère la TVA]) et en partie en portage salarial (ce qui me permet de bénéficier d’un statut salarié, même si celui-ci est complètement hors-cadre puisque je suis seule responsable de trouver des contrats et que ce statut ne me confère aucune sécurité d’emploi).
Voilà !

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